On pourrait penser que ce remake de "Nosferatu" est un projet de sécurité pour Robert Eggers. Dont le précédent film, "The Northman", avait bien bidé. Mais non, il semble que "Nosferatu" tenait particulièrement à coeur au réalisateur. En tout cas, commercialement ce choix a payé puisqu'à l'heure où j'écris ces lignes, il est déjà rentabilisé.
Néanmoins, ne vous attendez pas à un récit follement original. "Nosferatu" cuvée 2024 suit la même trame que les versions de 1922 et 1979. Et c'est un peu dommage. Profond respect pour l'oeuvre d'origine, imposition du studio, ou choix commercial ?
Il y a bien une petite évolution, dans la relation entre le vampire Orlok et la fiancée qu'il cherche à séduire.
Orlok devient ainsi un ex toxique ! Pourquoi pas, c'est à la mode...
A la limite ce n'est pas si gênant, ce qui m'a plus ennuyé c'est la durée un brin longuette. 2h12 sachant que les versions précédentes font grosso modo 1h30 et 1h45, pour raconter la même chose dans l'ensemble. Quelques scènes sont de trop, et aussi de petites maladresses dans le récit.
Le marin qui tente bêtement de tuer Orlok, clairement là pour ajouter un mort au compteur. Le sort très téléphoné de la famille Harding, peu utile au récit. Ou les morsures de Thomas, qu'il aurait du montrer plus tôt.
Mais je pinaille. Car tout le reste, c'est du travail d'orfèvre, et ça fait plaisir de voir ça en salles. Montage sonore aux petits oignons, éclairages "naturels" à tomber par terre, décors et reconstitutions excellents. L'ambiance macabre est très bien instaurée et maintenue. Je retiens en particulier toute l'arrivée dans les Carpates, sinistre à souhait.
Les acteurs sont très bons (à part peut-être Aaron-Taylor-Johnson qui en fait un peu des caisses). Surtout Lily-Rose Depp, très bonne alternative à Anya Taylor-Joy initialement approchée. Et j'ai particulièrement aimé les dialogues en anglais du 19ème siècle. Le vocabulaire est bien relevé, on voit rarement des films écrits comme cela, a fortiori américain.
Un remake de très bonne tenue formelle.