Allemagne, 1838. Une femme est l'objet d'obsession d'un vampire qui va attirer son mari dans un piège pour ensuite la posséder ...
Selon une étymologie populaire, nosferatu proviendrait du roumain "nu sfîrsitul" (le non fini", le non-mort, le mort-vivant). Il est possible que ce nom ait été influencé par le grec nosophoros, (transporteur de maladie).
Tourné en République Tchèque, en Roumanie et au Canada, l'adaptation attendue de Nosferatu, eine Symphonie des Grauens (F.W. Murnau, 1922) n'en est qu'une refonte maladroite. Les ajouts à l'œuvre originale et la façon de la réinterpréter avec une intention trop sérieuse l'amènent parfois très proche d'une parodie, incapable de moderniser le propos et de générer ou transmettre la moindre émotion.
L'interprétation est pesante.
Lily-Rose Depp - sur laquelle repose le film d'une certaine façon - est insupportable de surjeu et rictus, au-delà de l'irritant.
Elle montre une sincère implication mais n'est jamais crédible.
Nicholas Hoult est plus adroitement un personnage effacé et épisodiquement soumis, sans transcendance.
Bill Skarsgård interprète un vampire volontairement peu présent à l'écran, son habituelle incapacité gommée ici par un maquillage conséquent et le rôle peu exigeant d'une créature vulgaire et répugnante plutôt qu'effrayante.
Willem Dafoe est à l'aise, coutumier du surjeu il pourra ici être positivement comparé à un Aaron Taylor-Johnson immodéré et un Simon McBurney clownesque.
Les dialogues, excessifs et inutilement explicites, alourdissent l'ensemble. Le ton sentencieux adopté pour parler un latin peu ou pas à propos, le mélange de langues d'origines diverses (parfois une reconstitution de l'ancienne langue dace) et les borborygmes du Comte Orlok, loin de convaincre, ne montrent qu'une poseuse intention.
Les costumes sont bien sélectionnés et utilisés, même si certains présentent un aspect trop neuf ou trop onéreux concernant des personnages de classe modeste.
Les décors, environnements et intérieurs sont immersifs, pertinemment choisis ou travaillés, les cadrages, la lumière et les filtres (post-production) en compléments convaincants.
La bande-son, ronflante, s'accorde aux fondus et mouvements de caméra esbroufeurs et au surjeu affecté des différents protagonistes.
Passé quelques invraisemblances et une conclusion expéditive, Nosferatu laisse une impression théâtrale, datée et parfois sexiste, perdant le côté poétique de ses influences et confirmant sinon l'intention de surenchère maniérée et de mauvais goût de son réalisateur après The Lighthouse et The Northman.
"Celui-là qui veut péter plus haut qu'il n'a le cul doit d'abord se faire un trou dans le dos."
25mn de cuisson ...