Le film reprend les grandes lignes du récit de Bram Stoker et mélange le tout façon conte post-moderne. Les figures viriles de Van Helsing et ses compères n'existent plus. Les protagonistes masculins n'inspirent plus aucun sentiment vertueux, il ne reste qu'une pale copie du sordide et grotesque Nosferatu. L'homme à ce point réduit qu'il n'est plus qu'un figurant laissant place à la véritable histoire, celle d'une passion sexuelle entre le Comte Orlok (Dracula) et la gonzesse (Mina Harker dans le roman). Du récit original ne reste que quelques vagues symboles occultes, la peste, les loups, château en ruine. Sinon, c'est grossièrement un simple exercice de style jouant sur un clair-obscure fantasmé qui n'évoque qu'en surface les peintres romantiques tel que Caspar Friedrich. Le reste est fait de pas grand chose. Un vampire, oui, copie conforme de ceux présent dans "Je Suis Une Légende" grommelant un accent guttural des pays de l'Est. Un tabou, oui, probablement celui du viol à l'ère de Me Too, et encore la tension sexuelle est très mal amenée et sort de nul part. Il reste que techniquement c'est bien rythmé et que Eggers connaît la grammaire du cinéma pour monter le glauque et l'horreur. Mais l'écriture est à chier en dépit de l'excellent roman de Bram Stoker qu'il est nécessaire de re-saluer ici.