C'est une belle relecture à la sauce expressionniste allemande du monument littéraire de Bram Stoker.
Contrairement a beaucoup de ses prédécesseurs expressionnistes (essentiellement tournés en studio) Nosferatu a été filmé en décors naturels : les Carpates (pour figurer la Transylvanie) et les charmantes villes de Wismar et Lübeck au Nord du Länder Schleswig-Holstein (pour la ville fictive de Wisborg). Le film brille par l'utilisation d'effets spéciaux remarquables pour son époque tel que la stop-motion, l’image en négatif ou les différentes teintes (jaune, bleu/vert, rose) qui ont un sens dans le film. Le film a aussi des séquences avec de jeux d'ombres et de formes extrêmement bien pensées typique du cinéma expressionniste.
La musique de Hans Erdmann est juste parfaite : une symphonie naïve, menaçante et inquiétante, à l'image de film.
Max Schreck est juste parfait en comte Orlock (Nosferatu). Il avait clairement un physique expressionniste complétement taillé pour ce rôle. Pas étonnant avec un nom (Schreck) et profil pareil que l'acteur ai été pris pour un véritable vampire. Gustav von Wangenheim interprète Thomas Hutter, le Johnatan Harker de cette version. Il est aussi très bon. Alexander Granach en Knock (Renfield) fait les plus belle grimace du film après le vampire, à croire que c'est lui parfois qui fait le plus peur des deux. Greta Schröder en Ellen Hutter joue une des plus belles victimes de vampire du 7e art. Le film étant muet, les gestes et moues des acteurs suffisent à rendre l'histoire vivante et compréhensible.
Hélas l’œuvre a quelques défauts au niveau des coupures et transitions. Cela est à mettre sur le compte des distributeurs internationaux ayant voulu traduire les intertitres allemands par des cartons dans la langue de leurs pays. Dieu merci d’irréductibles copies ont permis de reconstituer ce trésor du 7e art, ce qui n'était pas gagné avec l'autodafé décrétée par la veuve Stoker.
Ce premier film d'horreur de l'Histoire est une œuvre charnière du 7e art. Nosferatu a su créer des images cauchemardesques immortelles avec son style expressionniste. En ce sens, son titre allemand "eine Symphonie des Grauens" (une symphonie de l'horreur) est amplement légitime.