Nosferatu, pionnier des œuvres horrifique/fantastique, est non seulement une œuvre historique, mais une œuvre historique excellente à tout les niveaux ! (oui oui je vous assure!)
Nosferatu le vampire, adapté du roman Dracula de Bram Stoker en 1897, est tout simplement le premier chef d'oeuvre de Friedrich Murnau qui dévoile tout son talent de réalisateur à travers ce film d'une beauté machiavélique. Ce grand réalisateur permettra, avec l'aide d'autres génies tel que Sergeï Eisenstein, Erich von Stronheim ou autres Buster Keaton, à dépasser les limites du cinéma de ces années et à le perfectionner, Nosferatu, c'est aussi l'évolution de l’expressionnisme allemand, tout simplement, car contrairement aux normes de l'expressionnisme, à savoir que les décors étaient des figures géométriques à symbolique ou alors permettant de créer une atmosphère, Murnau lui filme de vrais décors en plein air. Quel homme !
Notre film nous raconte l'histoire d'un homme, Thomas, qui doit partir vendre une maison à une personne (qui sera Nosferatu), en laissant sa femme. Après avoir été accueilli par le vieux bonhomme par très très amical, notre ami Thomas va comprendre au fur et à mesure de l'intrigue que le mauvaishomme (rigolez que je me sente pas seul) n'est pas très bien dans sa tête.
Il faut savoir que Murnau a pris énormément de liberté dans le film comparé au livre et beaucoup de propriétés de celui-ci ont été changé, n'ayant pas lu le livre je ne peux pas dire tout les changements mais c'était important de le préciser pour éviter de systématiquement comparer les deux œuvres.
Scénario simple mais à la fois complexe avec la dimension qu'arrive à lui conférer Murnau, Nosferatu c'est d'abord un scénario en béton dans le genre servi avec une ambiance oppressante qui a réussi à me tenir en haleine pendant une bonne heure, preuve qu'il ne vieillit pas si mal que ça.
La qualité technique du film est irréprochable, pouvant faire des transitions très simplement entre trois personnages. Les décors sont bien choisi, comme le château lugubre qui va être le symbole même de la plupart des futurs films d'horreur. Le choix d'avoir utilisé le hors-champ plusieurs fois est excellent, permettant un suspense redoutable et stressant au possible.
Symboliquement (car toutes les œuvres de l’expressionnisme traitent plus du symbolisme que de l’esthétique), on assiste à une descente aux enfers du jeune Thomas, celui-ci est heureux et vit paisiblement avant de partir voir le comte, à l'auberge germera la graine du doute et de la peur pas encore à maturité, et à force de côtoyer le comte Orlok, cette graine va prendre de l'importance, le climax étant ce que le comte lui dit à propos de sa femme.
Le jeu d'ombres de Thomas au château, pourrait faire penser que celui-ci suffoque dans l'endroit où il est. Le décor n'aidant pas du tout à le soigner, car il se trouve dans des pièces closes qui ne peut qu'augmenter son mal être vu qu'il ne veut plus être à proximité d'Orlok. Le comte Orlok, lui, nous donne un sentiment d'étrangeté et de peur, on sent que c'est le mal (symbolisé par les rats), mais la façon dont il se comporte donne une atmosphère étrange qui se propage dans tout le film et augmentée avec la bande-son malsaine du film restauré. Il ne supporte pas la lumière qui signifie la pureté. La scène de fin où le soleil se lève sur le vampire montre que le sacrifice de la femme a marché et que la pureté détruit Nosferatu. Cela montre aussi que Thomas a touché le fond, lui qui était heureux il n'y a même pas une semaine.
Si vous n'êtes pas habitué aux films muet, ce n'est pas grave. Nosferatu le vampire est un de ses films initiatiques au cinéma muet. A voir pour tout amoureux du cinéma !