La comédie est sans doute le genre qui vieillit le plus avec les années : c'est d'autant plus remarquable lorsqu'un film à visée humoristique parvient à maintenir son impact original.
En l'occurrence, "Nous irons tous au paradis" conserve une fort belle tenue, quarante ans après sa sortie.
D'autre part, il est rare qu'une suite (qui par définition succède à un succès au box-office) réussisse à égaler, voire surpasser son prédécesseur. Encore un écueil que le film d'Yves Robert parvient justement à éviter...
D'ailleurs, je trouve que le premier opus ("Un éléphant, ça trompe énormément") accuse davantage le poids des ans, sans doute parce que l'aspect choral y est moins marqué, avec un récit centré sur le personnage de Jean Rochefort, et peut-être aussi parce qu'Anny Duperey en sex symbol, ça m'avait heurté dès le départ, m'empêchant de partager pleinement les questionnements existentiels du héros...
Dans ce deuxième volet, le comique de situation est à son comble, avec facilement 4 ou 5 séquences cultes, à l'image de celle où Jean-Pierre Castaldi démolit méthodiquement la bagnole de Jean Rochefort.
De plus, les personnages désormais connus du public sont un peu mieux caractérisés, ce qui favorise l'émergence d'une touche d'amertume à la manière de la comédie italienne, illustrée notamment par
le décès de Mouchy (Marthe Villalonga), et la réaction glaçante d'un Simon (Guy Bedos) complètement prostré.
Auteur de ce diptyque mémorable, Yves Robert signe donc une suite meilleure que le film originel, ces deux films se rejoignant dans leur capacité à illustrer une époque souvent fantasmée par les cinéphiles trop jeunes pour l'avoir vécue.