(Pardonnez-moi ce titre capillotracté - quoique ! - je n'ai pas pu résister à la facilité...)
Dumplings est un film qui hésite, et qui tire de cette hésitation, à la fois sa force et sa faiblesse : pas totalement horrifique, pas totalement comique dans sa noirceur : on peut avoir l'impression que le scénario ne va pas au bout de ses propositions, et rester ainsi sur sa faim.
Ou alors, on peut faire comme moi et savourer cet habile mélange des genres, ce récit qui ne parvient pas à trancher et qui déploie dans son menu tout un éventail de possibilités. J'ai trouvé ce film effrayant, malsain, curieux, excessif, drôle, sexuel, violent et poétique à la fois. J'aime quand la crudité côtoie subtilement l'élégance, quand la violence prend une tournure érotique, quand l'horreur permet aussi le comique : ce film, c'est un peu tout cela.
Je retiendrai cette capacité du cinéma asiatique à s'attaquer à des sujets qui ne sont que peu traités par le 7ème art occidental - par pudeur ou par tabou : on sent que ce cinéma ne nous épargne jamais les bizarreries, et c'est aussi pour cela qu'on l'aime. Mais, à la suite de Baudelaire, je dirais que, parfois, l'étrange peut être beau, et Dumplings remplit ici très bien ce contrat : il faut voir Mrs Lee, toute à sa malédiction odorante, les cheveux drapés dans son foulard Hermès, grosses lunettes à la Jackie O. et goûter l'intégration parfaite des codes du chic occidental dans le fantastique nippon.
La photographie est par moments, très belle, avec toujours ces petites trouées de poésie au sein de l'épouvante, qui achèvent de nous interroger sur la route que va prendre le scénario. Reprenant le thème assez rebattu de la quête de la jeunesse éternelle, l'éternelle conservation de la pleine beauté dans la fleur de l'âge, Dumplings se rapproche, dans son traitement à la fois horrifique et comique, des célèbres Contes de la crypte.
Un sacré coup de cœur pour ce film étonnant, mystérieux et bizarrement beau.