Comme beaucoup de gens j'imagine, je me rappelle encore de ce que je faisais le soir du 13 novembre 2015, lorsque j'ai entendu parler des attentats meurtriers. Outre la consultation de divers médias, et l'envoi de messages pour m'enquérir auprès de mes connaissances parisiennes, je me suis dit : "qui et quand va-t-on oser nous pondre le film ?".
7 ans, c'est le temps qu'aura donc mis une fiction pour sortir sur cette tragédie. Nul doute que le passage de la pandémie de covid a permis de mettre en perspective cette période trouble 2015-2017. Où la menace terroriste et l'Etat d'urgence étaient au cœur des préoccupations.
Un recul visiblement mis à profit par Cédric Jimenez. Mais un timing tout de même étonnant, le film ayant été tourné avant le début du procès, et sorti quelques mois après sa fin !
"Novembre" se focalise sur les attentats vus de la sous-direction anti-terroriste, et les jours d'enquête qui ont mené à l'assaut sur la planque des membres survivants du commando. Les attaques en elle-même sont traitées en hors-champs, choix sobre et judicieux, qui fonctionne naturellement puisque le spectateur est déjà marqué émotionnellement par ces tueries réelles.
Entre arrestations musclées et travail de renseignement acharné, le film rappelle un peu "Zero Dark Thirty". Sauf que dans celui-ci les événements se déroulaient sur plusieurs années. Ici, l'intérêt est que tout se passe en 5 jours.
Les enquêteurs sont donc soumis à une pression gouvernementale et médiatique monstrueuse. A l'émotion d'avoir subi un attentat dans leur capitale. Et au stress de voir de nouvelles attaques.
Des éléments sur lesquels insistent le réalisateur, ainsi que la difficulté du renseignement à court terme. Filière à démanteler, nombreux témoignages & écoutes, fausses pistes... On sent un gros travail documentaire pour construire le scénario.
Filmé caméra à l'épaule et au plus près de ces personnages, "Novembre" demeure poignant de bout en bout, rendant clairement hommage aux enquêteurs. L'ensemble ne cherche pas à traîner, les 1h47 passent très vite.
Par ailleurs, Jimenez s'appuie sur de solides comédiens. Si Jérémie Renier et Sandrine Kimberlain ont des rôles très secondaires, Jean Dujardin et Anaïs Demoustier ont des prestations plus intéressantes.
A l'arrivée, "Novembre" est donc un thriller qui demeure respectueux, et qui offre une plongée prenante derrière la façade policière de ces attentats.