Bien que ça finisse en sodomie, le «3+5» fut la première source de plaisir pour Joe. Ces 5 coups furent la finition, mais sont surtout assimilables aux chapitres de la première partie, où le plaisir anal fut souvent demandé.



Je ne ressens plus rien



Pour les trois derniers chapitres, Joe va tout faire pour retrouver la sensation de ces trois premiers coups. Ces coups qui vont dans ce qui la fascine depuis ses 2 ans : «sa chatte», comme elle le dit si bien. Trois coups, trois chapitres désespérés dans l'espoir de faire revenir cet orgasme, ce plaisir perdu, qu'elle ne ressent plus.


Après un intenable cliffhanger qui n'a rien à envier à celui de La désolation de Smaug, on découvre que la nymphomanie n'est plus un problème, mais une maladie. Ce n'est plus le petit truc embêtant dont il faut satisfaire la pulsion, mais un poison mortel qui pèse sur chaque chose qu'on entreprend. Un mal à s’infliger pour un plaisir disparu, ce qui est un comble, car il n'y a plus rien de stimulant.


Ce qui est remarquable dans cette seconde partie, c'est l'envolé de cette violence sexuelle à laquelle se donne Joe. Les limites qu'étaient déjà franchies, sont désormais bien loin derrière, et le sommet est tout près, le paroxysme étant sans doute atteint lors de cette scène d'auto-avortement. À l'image de cette seconde partie, Lars von Trier montre tout, et peut-être trop. Suite à ladite scène de l'avortement Seligman demande pertinemment à Joe : «c'est quoi ça ?». Cette question peut nous être posée «c'est quoi ça ? Pourquoi tu montres ça ?»


Lars n'a rien à cacher, tout ce qui peut être visible est montré, pour un compte-rendu le plus proche de la réalité. Ce n'est toujours pas du porno, donc rien n'absorbe ce qu'il y a autour, le sexe ne nuit pas à ce récit incroyablement riche. Au contraire, ces plans sexuels qui ne dépassent jamais les 4 secondes, montre en main, ne servent qu'à lubrifier la mise en scène du cinéaste. C'est terriblement hard, et ça joue sur l'émotion. On souffre avec elle, quand elle cherche à prendre son pied, l'image nous fait mal. Le parallèle entre la violence que "Fido" va chercher chez son bourreau et la violence de voir son enfant laissé seul, ça fait mal. La scène où Joe tente les nègres, la violence de la double-pénétration permet un décalage nécessaire tiré par les cheveux (ou par les queues), avec ce comique de situation qui arrive ensuite. D'ailleurs cet humour aussi étrange qu'audacieux est une idée de génie qui permet de prendre du recul sur cette histoire, ce conte.


Car Nymphomaniac est un conte, une histoire d'un Lars von Trier fou. Un conte sale aux idées hard qui posent réflexion, au fond aussi intéressant que la forme. Il n'y a qu'à voir l'idée de surenchérissement de cette scène d'avortement atroce, où il pousse le bouchon en imageant le fœtus de l'intérieur par échographie, jusqu'à l'expulsion de celui-ci. Mais c'est surtout un conte moderne presque mythique basé sur la réalité humaine, où une dangereuse malade se confesse à un juge innocent, qui croit en l'humanité, et qui refuse de voir le mal en cette dernière.


Nymphomaniac c'est le comportement humain, la vie, avec des parties du corps à l'écran qu'on ne voit pas d'habitude. Un drame érotique pouvant concurrencer Gaspar Noé et Marc Dorcel avec aisance. Et si tu n'aimes pas, et que toi aussi t'en demandes trop au soleil couchant… bah va te faire enculer.

Alex-La-Biche
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le 19 mai 2016

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Alex La Biche

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