Kosinski revient au galop
Le film est scindé en plusieurs phases bien distinctes. Il débute sur la vie quotidienne de Jack (rôle joué par Tom Cruise), ce qu'il fait, le travail qu'il occupe, en quoi ça consiste et les raisons de ce monde apocalyptique dans lequel il se trouve. Durant cette première partie nous voyons également un autre personnage vivant avec Jack et qui l'aide à remplir ses missions de maintenance, ces deux personnages qui forment un couple seront au centre de l'histoire pendant une bonne partie. Après quoi l'histoire va évoluer et donc s'amplifier pour prendre son envol. Il est d'ailleurs intéressant de noter que le pitch est basé sur l’allégorie de la caverne de Platon.
Un bon nombre de rebondissements sont amenés, notamment à travers des révélations importantes, ces dernières s'incrustent parfaitement dans le scénario, elles ne sont pas pesantes, c'est-à-dire qu'on a une révélation, ça passe, et ensuite il y en a une autre... tout se suit assez logiquement et sans ambiguïté. Autrement, quelques défauts viennent ternir un peu l'ensemble, en particulier les longueurs, et elles sont notables tant elles sont visibles et accentuées. Ce n'est pas foncièrement gênant, mais cela casse un peu le rythme de l'histoire. On aurait aussi aimé un peu plus d'approfondissement concernant les autres personnages, car le personnage de Jack fait de l'ombre à presque tout le monde et s'avère être la pièce maîtresse du casting. Son passé nous est dévoilé tout le long, et au final on comprend bien qu'Oblivion se veut plus mental que futuriste. Les amateurs relèveront avec plaisir des références à des films cultes tels que 2001 : l'odyssée de l'espace.
Venons-en au visuel. Le point fort selon moi. C'est vraiment très très beau. Je ne dirais pas que c'est une claque graphique, mais il y a certains paysages montrés qui comblent la rétine. L'ambiance a de la gueule, et elle est soutenue par une bande-son de qualité (sans être mémorable, car elle aurait pu être meilleure et moins impersonnelle). Pour en revenir aux décors, on apprécie ce "vide", ce sentiment de non-vie. Les infrastructures de l'ancienne civilisation sont bien réalisées, elles ne font que renforcer cette impression de terre dévastée. Les engins volants, les machines, les armes, etc... tous ces objets ont un côté très stylisé, il donnent presque envie de les utiliser, mais au final on ne fait que les toucher des yeux, et on s'en contentera.
Oblivion est donc une bonne petite surprise, mais avant tout un bon film de science-fiction qui a le mérite de prendre quelques risques et qui sait nous immerger dans son univers et ce, malgré des longueurs qui pèsent dans la balance et des moments assez prévisibles. Pas très profond, pas très audacieux dans les thématiques revendiquées, un mélodrame amoureux qui a des chances d'agacer, mais efficace dans ses scènes d'action, foutrement plaisant visuellement et malin dans sa narration. Voilà ce qu'est la nouvelle oeuvre cinématographique de Kosinski.