Avant toute chose, je me dois de remercier ma petite femme de m'avoir fait ce cadeau pour la Saint Valentin.
Ce film d'une grande rareté (?) a stimulé mon enthousiasme. Le matin même, j'avais marché du pied gauche dans la merde du cabot de la voisine...je m'étais dit que c'était un signe.

Mais attardons-nous plutôt d'abord sur le packaging.
Recto. L'affiche montre la pile d'un pont suspendu critiquement penchée vers la droite. On imagine très bien le cataclysme qui a conduit l'ouvrage à un tel état. La terre a été dévastée, manque plus qu'à savoir pourquoi.
J'en profite pour saluer les bâtisseurs des ouvrages d'art. Ces réalisations exceptionnelles nécessitent une technicité toute particulière et leurs constructions sont occasions de chantiers pharaoniques.
Verso. Le synoposis : "Dans ce chef d'oeuvre visuel mêlant action et science-fiction [...]. L'arrivée d'une séduisante étrangère [...] mettre dans ses mains le destin de l'humanité toute entière."
Tout est dit. Faut donc s'attendre :
- à en prendre plein les yeux,
- à subir une romance de bas étage, attractive que par le "plouf, plouf, ça sera toi qui t'y collera !"
- à se fader aussi l'hymne proverbial scientologue qui fait de l'agent de Tom un casse-burnes en puissance.

Le bon côté c'est qu'on peut pas leur reprocher de cacher des trucs... ce qui n'est pas dit est convenu, voire pire, carrémment dispensable.

(Ca va sévèrement spoiler, mais c'est uniquement pensé pour servir l'intérêt général)

Le film démarre. 5 minutes plus tard, Jack est déjà dans la merde. Le prologue bâcle l'entrée en matière pour nous précipiter dans l'action. On nous a tout juste présenté Victoria, rouquine-robe-blanche,
petite rapporteuse à ses heures, qui reste les fesses au chaud pendant que Jacky se tape le sale boulot.
Le taf, c'est retrouver par delà les terres désolées, les drônes perdus, hors service, parfois capturés par les méchants, et les réparer avec trois bouts de chewing-gum baveux. C'est ça le chantier...savoir se sortir de la mouise avec trois fois rien. Puis viennent les vrais problèmes, ceux qui sont délicats à résoudre et qui posent des cas de conscience...

Les décors, c'est vrai, sont plaisants. Les tons bleu / gris traduisent très correctement l'image que l'on se fait d'un monde apocalyptique, et les quelques plans larges travaillés jusqu'à l'horizon nous font pleinement profiter de la technologie informatique et du professionnalisme de la direction artistique. Il y a là du potentiel, une envie, comme le dit le résumé, de renvoyer une certaine qualité esthétique, avérée, mais qui n'est pas sans rappeler les ambiances de - La Route - ou du - (le) Livre d'Eli - particulièrement réussies en la matière.
Seulement - Oblivion - est loin d'innover ou de dépouissiérer le genre, et pèche au contraire en de nombreux points, à commencer par un scénario pas forcément pourri, mais plutôt ridicule et insultant, qui prend son spectateur pour le plus sombre des ignares.
Plutôt que d'entretenir la curiosité en faisant preuve d'idées nouvelles, les séquences deviennent à mesure du métrage toutes plus prévisibles les unes que les autres, jusqu'à révéler une intrigue tout droit pompée de - Moon - et seulement adaptée...dans les grandes lignes. La coquille d'un coup se vide du maigre intérêt qu'elle contenait encore. si on pouvait accepter des dialogues de cours de récréation servant à lier les scènes d'action, le copier est tout bonnement méprisable tant il est flagrant.

L'exercice vire à la farce, épuise le film à force de contenter l'égo d'un acteur nombriliste, bien trop amoureux de son propre reflet pour faire grandir le moindre magnétisme. Tom Cruise incarne seulement une fois de plus le rôle du beau, de l'indispensable et de l'unique, seul être dans l'immensité galactique capable de sauver l'humanité. La trame et les codes du genre sont rabachés et rabachés encore...scène sous la douche, plans serrés cheveux au carré et gunfights chorégraphiés et clichés à mort, jusqu'à une fin de très faible envergure.

C'est donc en définitive davantage un regret qu'une déception. Le regret d'avoir (une nouvelle fois) été la victime d'une industrie, qui avec ce type de production dotée d'un budget de 120M$, avoue ses ambitions lucratives plus que culturelles.
- Oblivion - est un film de consommation rapide, destiné a être jeté après utilisation dans le fond des toilettes.

Mais il m'a tout de même apporté...
Apporté des arguments pour dire à mes enfants que copier sur le voisin c'est non seulement mal, mais en plus préjudiciable.
Ne vous laissez donc pas prendre au piège. Si vous aimez le cinéma de science-fiction, allez plutôt voir - 2001 l'Odyssée de l'espace -, - Brazil -, ou encore - Prometheus - ...non, pas - Prometheus -.
FPBdL
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le 18 févr. 2014

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FPBdL

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