Haute voltige
Ce film est une leçon de cinéma. Autant-Lara n'a sans doute jamais été aussi virtuose (et Dieu sait si avec lui la barre est placée haut): une souplesse de mouvements, des enchaînements inattendus,...
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le 1 déc. 2014
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Le générique de début montre un homme emprunté et bedonnant qui court vers la caméra. Sa course effrénée sera à l’image du film marquée par une énergie désespérée où le temps sonne la mesure rythmée d’un absolu dynamisme.
Adapté d’une pièce de Feydeau par les incontournables Jean Aurenche et Pierre Bost, et mis en scène par Claude Autant-Lara, Occupe-Toi d’Amélie, point de suspension, point d’exclamation, est à la base une requête du militaire Etienne de Milledieu, interprété par André Bervil qui devant réintégrer sa caserne, demande à son meilleur ami, Marcel (Jean Desailly) de s’occuper de sa femme Amélie, une pétillante et absolument hilarante Danielle Darrieux. S’en suivent une incroyable suite de quiproquos virant souvent au grotesque absolu, mais animé d’un dynamisme ahurissant.
Après un incroyable plan-séquence où la caméra pénètre par une fenêtre dans un long traveling admirable, traverse une pièce où sont attablés les principaux protagonistes, pour s’achever sur l’ouverture d’un rideau, derrière lequel se trouve oh miracle, les convives d’une scène de théâtre, le spectacle peut commencer.
Dès lors, et sans avoir attendu les fameux trois coups, la scène s’animera de manière frénétique. A peine une porte s’ouvre pour laisser entrer un personnage animé d’une requête qu’une autre se referme voyant en sortir deux autres. Parfois pour de bonnes raisons, et dans un total désordre, on retrouve les personnages allongés dans leur lit avec leur bottine, et tout ça avec une sorte de logique inhérente à l’évidence perceptible d'une Lapalissade. On est dans la screwball comedy à la Lubitsch.
Cette espèce d’illogique évidente en devient tellement absurde parfois qu’on vire littéralement dans le surréaliste voir le cartoonesque et tout ça avec une sorte de distanciation animé d’une énergie absolue de la mise en scène de la part d’un Claude Autant-Lara au sommet de sa forme. L’espace théâtral s’extrait totalement de la scène pour venir déborder sur la salle qui finira même par prendre partie dans cette ritournelle endiablée et survitaminée. La frontière poreuse entre théâtre et cinéma vient d'exploser sous nos yeux!
Une distribution de premier choix vient assaisonner le tout, avec en plus des têtes d’affiche, quelques seconds rôles de tout premier choix, dont un Julien Carette absolument hilarant dans le rôle du père d’Amélie.
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Créée
le 8 mars 2019
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