Le procédé fantaisiste qui consiste à ajouter aux dialogues ordinaires des extraits de chansons a fait beaucoup pour la notoriété du film. Sans doute, Alain Resnais, porté par son goût pour l'invention narrative, considère-t-il ces instants chantés en play-back, puisés dans le répertoire, qui explicitent les états d'âme ou états d'esprit des personnages, comme une alternative ludique aux études de caractères courantes. De fait, découvrir André Dussolier entonner un refrain de Johnny ou Bacri reprendre devant son toubib le "Je suis malade" de Serge Lama ne laisse pas d'être surprenant et amusant. Amusant mais pas déterminant.
Car cette façon cocasse et originale d'agrémenter les conversations n'occulte pas -auquel cas le film aurait été un peu creux- le talent des personnage et l'intérêt qu'on peut porter à leurs petits désordres amoureux ou psychologiques au coeur de Paris.
Claude et Odile, couple éteint par la routine, Camille, intello dépressive courtisée par un amoureux romantique, Nicolas, hypocondriaque ombrageux, sont parmi les quelques figures de cette comédie légère dans laquelle Resnais expose modestement et superficiellement différents tempéraments, comportements et névroses issus de l'écriture incisive de Bacri et Jaoui. Sabine Azéma, toujours pétillante, Bacri, toujours aigre, et les autres communiquent leur plaisir de jouer ces rôles.