Jacques Deray est un réalisateur intéressant, malgré quelques « bébeleries » tout à fait dispensables. « On ne meurt que deux fois » apparaît assez singulier dans sa filmographie : polar sans vraiment en être un, enquête sans vraiment en être une... L'auteur de « Symphonie pour un massacre » fait preuve d'une certaine nonchalance pour amener à ce qui l'intéresse : les personnages, en premier lieu celui interprété par un Michel Serrault impeccable. Son étrange relation avec Charlotte Rampling intrigue (quitte à manquer de crédibilité, parfois) : on évite pas mal le manichéisme, si bien qu'une part d'inconnu, de mystère plane jusqu'au bout sur ce meurtre assez sordide. Ces choix ont toutefois leurs limites : rien de réellement excitant ni d'inoubliable, l'intrigue, sans être réellement perdue de vue, n'étant pas suffisamment dense, complexe pour séduire totalement.
De plus, et même si c'est intégré dans le scénario, je ne trouve pas l'actrice anglaise suffisamment belle, troublante pour exercer un tel pouvoir de fascination sur chacun. Reste le plaisir de croiser quelques futurs grands noms du cinéma français : Jean-Pierre Darroussin, Gérard Darmon et Jean-Pierre Bacri, ainsi qu'un dénouement assez mélancolique, assumant pleinement une certaine noirceur. Enfin, pour ses tous derniers dialogues, Michel Audiard nous offre quelques répliques brillantes, les meilleures étant toutes prononcées par Serrault
(« tous les flics boivent pendant le service », pour ne citer qu'elle) :
salut l'artiste. Inégal, jouant sans doute un peu trop de sa dimension « décalée », mais plutôt intéressant, notamment dans sa dimension humaine.