Ondine par dadujones

C'était un bon moment. Voilà. Pas une révolution, mais juste un bon moment. Pourtant, je n'aime pas beaucoup Colin Farrell en général.

Dans cette histoire de fille étrange retrouvée dans le filet de son bateau de pêche, Colin Farrell se défend en Syracuse, marin-pêcheur irlandais ex-alcoolique taciturne. Mais j'ai quand même un problème pas très objectif avec lui.

La fille, Ondine, remontée dans ses filets, a tous les atouts nécessaires pour être une Selkie, créature mythologique liée aux phoques et à la mer. Une créature magique. J'ai bien aimé la manière dont tout le film joue sur cette ambigüité. On ne sait rien d'elle, et elle ne dit rien, alors, pourquoi pas?

C'est ce que ce dit Anne, la fille malade du marin Syracuse. Elle aimerait bien qu'un conte de fée se produise là, devant elle.

J'ai lu quelques critiques laissant entendre que pendant une heure et demie, l'ambigüité reste. Bon, faut quand même être drôlement naïf, hein. Si l'on croit ceci, on rate en plus quelque chose de très bien amené: nous, spectateurs, on sait bien qu'elle n'est pas une Selkie. Tout le monde le sait. On sait qu'une vérité humaine et sûrement plus sordide se cache derrière Ondine. Et pourtant, la mise en scène, les dialogues, le scénario lui-même jouent avec cette possibilité... le tour est réussit, on prend plaisir aux ambigüités et aux sous-entendus alors même que l'on n'est pas dupe. Le jeu est plaisant.

C'est ce qui contribue, malgré un traitement parfaitement terre à terre et réaliste, à maintenir, à travers la vision de Anne et de son père, une ambiance de conte celtique alors même qu'on cause d'alcoolisme, d'insuffisance rénale et d'irresponsabilité parentale.

Point faible: le final... je ne dévoile rien du fond, qui contrairement à ce que je lis souvent, est pour moi sans reproches, mais la forme, par pitié, c'est vraiment pénible. Pour briser volontairement -et à juste titre- une ambiance douce et un peu mystérieuse d'1h15 de film, et revenir brutalement à certaines réalités sordides, il ne suffit pas de faire une scène de nuit complètement chaotique avec du gros grain qui tâche. Encore faut-il que ce soit bien fait. Et là c'est quand même très moyen, je trouve...

Mais bref, un bon petit moment tout de même, avec une jolie histoire d'amour, tournée de manière assez convenue, mais aussi de manière très efficace, douce et esthétiquement agréable: je n'ai pas boudé mon plaisir.