Mélancolique vie d'artiste.
C'est le premier film de Jim Jarmush que je vois. C'est aussi son premier film que j'ai envie de voir il faut dire. Une bande annonce intrigante, un sujet mystérieux, une ressortie en salle nous donne le combo ultime pour que bibi aille s'enfermer 2h pour voir un film qui est sorti en début d'année.
Que j'ai bien fait. Que j'ai bien fait. Oui je l'ai dis deux fois, parce que j'ai vraiment bien fait de le voir au cinéma. C'est un film sur l'art et la création, sur un couple d'artistes underground, qui ne se montrent pas, qui se cachent et diffusent leurs œuvres via différents moyens. Et pour cause, ce sont des vampires, qui ne peuvent sortir le jour. Et c'est génial.
Car notre couple d'artiste, Adam et Eve (tu la sens la référence ?), ont vécus un nombres incommensurables de choses, ont découvert culture et sciences du monde entier, et sont donc des êtres raffinés, très cultivés qui se passionnent pour toute forme d'art solitaire: littérature, musique et peinture entre autre. Et quel moyen utilise Jarmush pour montrer ces artistes buveurs de sang ? Le cinéma, tout les arts sont présents.
Au final, l'histoire ne raconte pas grand chose. Et pourtant, on ne s'ennuie pas, on est fasciné par ces êtres millénaires, qui ont vu nombres de choses, qui ont crées nombres d’œuvres et qui sont tel des âmes damnées, condamnée à se cacher jusqu'à en faire leur mode de vie revendiqué.
Jim Jarmush reprend lui aussi à son compte la figure mythique du vampire, et en fait l'être conscient de son imagination et qui la laisse s'exprimer totalement. Il exprime son dégout des "zombies" qui formalisent leurs pensées et qui ne la laisse plus s'exprimer comme elle pourrait s'exprimer. Et on relativise avec eux du déclin et de la renaissance de la civilisation. Le choix du lieu de l'action n'est pas anodin: Detroit, ville presque fantôme depuis que son industrie s'est effondrée. Tout fait sens, tout nous invite à ressentir l'incroyable vie de nos protagonistes.
Tilda Swinton et Tom Hiddleston. Bordel, je les aime ces deux acteurs. Ils sont parfaits, ils sont juste, ils sont envoutants, ils sont énigmatiques. Jim Jarmush laisse exprimer ses acteurs dans sa mise en scène envoutante, posée, composée de plans panoramiques, de plongées totales et de rotations de caméra hypnotiques. L'idée de montrer les vampires tels des drogués, qui ont besoin de sang pour ne pas ressentir leur mal être, c'est du génie. C'est bête, c'est évident quand on le voit, mais ça relève du génie. Pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ? Jarmush y a pensé.
C'est du cinéma incroyable, qui invite à l'imaginaire, du cinéma de genre qui ne se renie pas mais qui cherche bien plus loin qu'une simple histoire d'artistes. L'idée d'en faire des vampires n'est pas nécessairement indispensable, mais c'est cette idée de scénario qui fait qu'on reste scotché à ces deux êtres et à leur histoire. Une simple idée qui fait rentrer une histoire qui aurait pu être banal dans une autre dimension: celle des très grands films. Si le cinéma français pouvait comprendre ça.