Ce serait un affront que de refaire encore une fois le match du cinéma français, tant ceux qui le pensent créativement à l’ouest ont du vide entre les oreilles. Et Onoda en est une nouvelle preuve. Il faut imaginer le concept : un réalisateur français, avec des financements en grande partie français, qui part au Japon pour tourner un biopic historique sur un fait japonais, en langue japonaise (les américains devraient en prendre de la graine, on a pas oublié l’anglais crasseux des derniers Ridley Scott), avec des comédiens japonais, en tournant au Cambodge. Il y a quelque chose d’étonnant dans l’existence du film, et il en va de même pour le fait qu’il traite, l’histoire finalement assez connue du soldat Onoda, tellement invraisemblable qu’un scénario de fiction n’aurait pas pu l’inventer sans perdre sa crédibilité… Et pourtant, Onoda reste toujours au contact du réel, la photo fait pellicule, avec ce grain qui magnifie les textures, et il y a une réelle immersion, un vraie perte de repères au contact de ce personnage, qui pousse sa fidélité nationale jusqu’à l’irrationnel, s’inventant une guerre déjà terminée depuis bien longtemps. En restant maître de ses influences, Harari trouve son identité propre, dans ces 2h45 parfaitement rythmées, passionnantes tant sur le fond que sur la forme, tant il est fascinant de voir cet homme se murer dans sa croyance, en s’imaginant centre du monde, et c’est finalement une certaine mélancolie qui se dégage de la chose, vu l’attachement qu’on finit par éprouver pour cet anti-héros qui perd sa vie pour une cause inutile. Probable futur classique.