Le réalisateur français Arthur Harari livre un excellent long-métrage d'après l'histoire du militaire japonais de la Seconde Guerre mondiale, Hirō Onoda. Ce dernier, pris entre le fanatisme du nationalisme nippon et sa culpabilité de ne pas s'y confirmer (ce qui ne semble pas être le cas du Onoda historique), reçu pour mission de mener des opérations de guérilla avec un commando face à la reconquête des Philippines par l'armée américaine, mission à laquelle il se conforma jusqu'à sa reddition en 1974, plus de 28 ans après la fin du conflit dans la zone Asie-Pacifique !
Le film nous fait suivre alors grâce à une excellente distribution d'acteurs sur plusieurs générations et une mise en scène aérienne, cette guerre secrète d'un conflit révolu menée par des hommes, dont nous observons la camaraderie, l'intimité, la violence, les querelles, l'épuisement, les doutes et leur décalage progressif avec le monde, jusqu'à devenir des fantômes loqueteux.
Si le dénouement réunissant trois générations du Japon du XXe siècle (celle de l'essor de l'Empire du Japon ne souhaitant pas assumer de responsabilités concernant la guerre et la défaite, celle des jeunes mobilisés durant le second conflit mondial marqués à vif par la guerre et la défaite, puis celle des Japonais nés après la guerre et la défaite, occidentalisés et commençant depuis les années 60 à s'intéresser aux conflits du Japon impérial) résume pertinemment l'histoire de ce pays durant cette période, c'est aussi une leçon universelle sur les conséquences des guerres et notamment dans ce cas-ci, celles idéologiques de l'époque contemporaine.