Onoda revient sur le récit totalement dingue du dernier soldat japonais qui a continué de se battre, isolé sur une île des Philippines, après la capitulation de son pays en 1945. Ignorant la fin de la guerre, ce dernier est resté sur place jusqu'en mars 1974, soit 10.000 nuits plus tard... Présenté dans la section Un Certain Regard au festival de Cannes, ce film réalisé par le français Arthur Harari met en lumières une aventure historique et insolite qui s'étend sur près de trois heures. Si le fond, odyssée humaine qui questionne l'héroïsme, est excellemment traité, la forme, elle, peut s'avérer rébarbative et poussiéreuse. J'ai pris un certain temps à rentrer dans le rythme pudique du film qui peut donner l'impression d'être réservé qu'à une poignée de cinéphiles, amateurs de bons vieux classiques que plus personne ne regarde. Mais malgré ça, on ne peut nier la curiosité de ce récit, l'inspiration de la mise en scène, l'excellent jeu d'acteur ainsi que les nombreuses références du réalisateur. Et c'est plus que jamais une oeuvre à découvrir sur grand écran ! Car une fois rentré dedans, Onoda se démarque par un montage qui donne l'impression qu'on traverse des tranches de quotidien en temps réels. On perçoit la crasse et l'humidité de ce paysage, la fatigue, la complexité, la complicité et la folie de ces personnages. Même si le mystère reste entier, l'expérience se veut sensorielle et étonnante et ce qui peut paraitre monotone dans le jeu de ces acteurs finit par fasciner. Leurs émotions, contre toutes attentes, m'ont percuté de plein fouet. Cette reconstitution est déroutante et totalement immersive si on se prête au jeu. C'est un film maitrisé, colossal et ambitieux. Mais il est également lourd, lent, philosophique voire presque métaphysique. Une sorte de cauchemar qui marque, questionne, et qu'on ne veut pas refaire toutes les nuits. Mais Arthur Harari touche quelque chose de rare, c'est certain !