Superbe western de Kevin Costner tourné en 2003, treize ans après le hors normes "Danse avec les loups".
Superbe western qui renoue avec les recettes "classiques" du western de la grande époque sur une intrigue "classique".
En effet, l'histoire de quatre cow-boys itinérants qui rencontrent quelques problèmes avec les ranchers locaux, tous puissants, qui n'admettent aucun partage, a bien dû être traitée quelques centaines de fois avec plus ou moins de bonheur. Oui mais alors, what's up ?
C'est certes toujours intéressant la lutte du pot de terre contre le pot de fer agrémentés d'une amitié virile, d'une vengeance et d'une romance. Mais ce n'est certainement pas là-dessus que mon avis va porter.
D'abord, la réalisation impeccable dans des paysages verdoyants et vallonnés. Le cinéaste prend son temps pour balayer les paysages pour le plus grand bonheur du spectateur qui ne se lasse pas des tableaux qu'ils soient de la nature ou encore des personnages. Par exemple, de splendides photos du chien sur fond de ciel ou encore du petit jardinet de la maison du toubib qui apparait comme une vision du paradis terrestre avec les fleurs et les tomates.
Dès le départ, la photo est soignée comme par exemple la campagne paisible avec la menace de l'orage encore lointain, qu'on peut prendre comme une métaphore du film en entier.
La mise en scène du règlement de comptes final entre les cow-boys et le rancher local est parfaitement construite permettant au spectateur de suivre sans peine le déroulement.
Et du côté des personnages et des acteurs, on a affaire à un casting de choix
Parmi les quatre cow-boys, il y a Robert Duvall qui est un acteur que j'aime beaucoup et que je suis avec plaisir depuis son premier rôle dans "Du silence et des ombres" car il y a quelque chose de profond que l'acteur accepte de nous livrer la plupart du temps au delà de son propre rôle ; ici il ne déroge pas à la règle : Boss Spearman, c'est un peu le patriarche du groupe de cow-boys "le déluge, ça vous connait, vous y étiez" lui lance un des jeunes cow-boys. C'est le Sage, celui qui protège le groupe mais aussi celui qui, contrarié, peut se mettre très en colère. On découvrira au hasard d'une discussion avec son second qu'il a eu été marié avec un enfant dans une précédente vie et qu'ayant tout perdu, il ne lui restait que la piste.
Son second, Charley Waite, c'est Kevin Costner : lui aussi a eu une vie chaotique comme porte-flingue ou je ne sais quoi. Revenu d'expériences douloureuses et meurtrières, il essaie de se refaire avec une vie plus apaisée de cow-boy sous la tutelle de Boss. Une solide amitié et un profond respect qui se passe de mots lient les deux cow-boys.
Une belle scène : lorsqu'on leur offre une tasse de thé dans un service en porcelaine, à la fois gêné et attendri par l'attention, Charley constate que son doigt est trop gros pour entrer dans l'anse de la tasse déclenchant les fou-rires des deux compères.
Et puis, on découvre peu à peu que sous la carapace du cow-boy et de sa vie rude, en dépit d'un passé tumultueux, se cache un cœur prêt à s'embraser.
Reste à parler du plus beau personnage du film, Sue, qui est la sœur et assistante du médecin et qui soigne les cow-boys blessés. Le personnage, incarné par Annette Bening, n'est pas une midinette mais une vraie femme de l'Ouest, courageuse et dévouée, belle bien sûr, qui a déjà beaucoup vécu et fait face à plusieurs déceptions. La romance est belle et pleine de délicatesse entre ces deux êtres meurtris, Sue et Charley, qui n'attendent plus grand chose de la vie. La scène où Sue entend la fusillade dans le village et où elle se précipite pour tenter de séparer les belligérants est splendide. La mise en scène en contre plongée de cette femme qui s'enveloppe dans un châle et marche délibérément, presqu'avec colère, vers la zone du combat est magnifique et très réussie.
Sue, c'est le personnage qui porte l'espoir dans ce western.
Cela doit bien être "au moins" la quatrième fois que je vois ce western. La surprise et le suspense, il n'y en a plus vraiment mais par contre, l'émotion est toujours au rendez-vous.
On pourrait dire que le western aurait pu se terminer une bonne dizaine de minutes avant la fin, après que Sue ait eu dit à Charley "and come back to me". C'est vrai, car tout est dit.
Mais je pense que Kevin Costner a eu raison de prolonger le western en mettant les points sur les "i" parce que, moi, j'aime bien profiter du calme après la tempête et faire retomber l'émotion surtout à travers de belles scènes, j'aime bien quand un western porte si haut l'espoir.
Et je reprendrai à ma façon le "and come back to me" pour de nouveaux aussi bons westerns !