Je pense que Christopher Nolan ne m'a pas fait vivre une seule émotion depuis mes 14 ans. A l'époque, jeune ado qui veut se faire une personnalité apprenait qu'on pouvait vivre assez longtemps pour "see yourself become the villain". Très stylé à mes yeux à l'époque.
10 ans plus tard, le roi du blockbuster revient avec un film sans saveur, sans réel fond et un vrai problème de structure.
Prenons d'abord la structure du récit. Une partie en noir et blanc, une autre en couleur, des hallucinations, 2 procès, des flashbacks. Tant de subterfuges alambiqués pour nous compliquer un récit des plus linéaires parce que c'est Nolan quand même, sa fé réflaichire.
On a une première partie suivant toute la construction du projet autour d'un scientifique qui parait-il est subversif mais qui n'a pas un mot qui va plus haut que l'autre. Impossible de s'attacher à ce personnage qui semble dénué d'émotion et d'intérêt tout au long du film. A vrai dire, aucun des personnages n'arrive à capter mon attention et ma sympathie , tous sont vides. Pourquoi sont-ils vides ? Tout simplement parce que tout va trop vite pour pas grand chose dans ce film. Le film comporte 90% de dialogues dont la moitié au moins pourraient être enlevés. Les scènes s'enchainent sans répit pour au final très peu nous apprendre sur le projet et sur les psychologies des personnages. Les scènes se suivent et se répètent pendant 2 heures.
Bonjour je rencontre une femme, elle finit dans mon lit et je suis un génie. Bonjour je rencontre un génie, je suis moi-même un génie. Regardez Einstein, je suis un génie, qu'en pensez-vous ?
Toute la structure du film est finalement strictement informative pour... ne pas nous apprendre grand chose. Cette structure pouvait fonctionner dans Inception, qui nous racontait son concept et nous préparait à l'action, qui pouvait couper le rythme. Ici, le rythme reste le même de bout en bout tout en nous faisant un exposé sur la physique quantique sans trop nous expliquer non plus.
Cette première partie se termine par le projet Trinity et une explosion qui nous est vendue depuis plus d'un an comme le peak cinéma par Nolan. Scène très bien en elle-même mais qui souffre de toute la hype formée pendant la promotion du film.
La deuxième partie rend le film encore plus dénué de sens. Les dialogues s'accélèrent de plus en plus pour garder le spectateur excité après le climax. La musique, insupportable tout du long, s'intensifie pour nous montrer que les enjeux sont cruciaux.
On nous sert un double twist qui n'en est pas un. Quand on n'est pas dans la fiction c'est plus dur de nous inventer des twists de toute pièce comme dans Tenet. Est-ce que Robert ment à la presse ? Est-ce que c'est Lewis qui a tout balancé ? Totalement folle histoire d'autant plus qu'on a appris pendant le film que les deux procès n'en sont pas du tout et que les deux personnages impliqués n'ont donc que très peu d'enjeux dans ces salles si ce n'est un poste plus prestigieux pour Strauss. Pourquoi nous les mettre en scène comme si c'était un twist alors qu'elle ne changent strictement ?
Point mois important au vu de l'époque du récit mais à souligner tout de même : le rôle des femmes dans les films de Nolan. Il va falloir en faire une étude. Que ce soit la femme qui nous sert d'inspiration pour 2 scènes de sexe ou la boniche qui garde les enfants et qui ne fait qu'engueuler son mari sans jamais exister par elle-même, il y a un vrai problème à aborder ici.
Au final, on assiste à une bande boys qui construisent le projet le plus important de l'histoire en se complimentant les uns les autres car oui, vous a-t-on dit que c'était des génies ? (rien de plus que ça par contre).
En bref pour ceux qui ont eu la flemme de lire :
Un film qui pourrait durer 2x moins longtemps s'il n'était pas surcomplexifié par son auteur. On suit Openheimer et ses boys dans un projet tout à fait linéaire sans véritable rebondissement ou émotion à la ronde. Que pensait vraiment Openheimer ? Qu'est-il devenu ? Le personnage est tellement plat et sans véritable piste que l'on s'en fiche pas mal finalement.
Christopher Nolan, le réalisateur des ados qui se cherchent, merci pour The Dark Knight qui m'a véritablement fait découvrir le cinéma quand j'étais petio. Au fil des années, ça devient de plus en plus difficile de te défendre...
Ta daronne en caution, aucune émotion
J'ai écrit cette critique spécialement car je sais que beaucoup de gens vont adorer ce film et j'ai besoin d'être convaincu des qualités qu'ils pourront y voir. J'ai évidemment fait exprès de grossir le trait mais suis, bien sûr, ouvert à la discussion.