Il y a quelque chose - à mon sens - de magique dans les films de Christopher Nolan. Quelque chose d'intense, de trépidant, qui nous fait voyager. Mais la question de l'existence ou non du talent sensationnel de Nolan ne se pose pas ici ; ici, la seule question subsistante qui serait - encore une fois, à mon sens - légitime de se poser, est la suivante : Oppenheimer est-il le plus grand film jamais réalisé par Christopher Nolan ?
Mais cette question ne survient pas simplement suite à une nouvelle démonstration de son génie de réalisation, mais plutôt suite à la création d'un long métrage où, chaque élément chaque détail, semble s'accorder parfaitement avec les autres, pour créer une expérience d'une intensité remarquable, et captivante de bout en bout.
Un fond fascinant…
Notre conscience humaine est un cadeau de notre existence, qui nous permet de nous détacher de notre spontanéité, de notre bestialité et de notre irrationalité, en apportant une touche de réflexion, de modération et de rationalité. Malheureusement, au grand dam des esprits ouverts et sains, certains esprits ont délibérément choisi de rejeter la pensée, la raison, et tout ce qui va avec ; mais ce rejet ne fait pas nécessairement acte d'une faiblesse d'esprit de leur part, - bien que ce soit souvent le cas - mais plutôt d'un intérêt égoïste, cynique et malsain pour leur existence au détriment du monde. Et ces âmes, dans leur élan d'égocentrisme destructeur, ont un besoin quasi instantané d'immédiateté, dans les réponses comme dans les résultats, pour se sentir vivant, et donner raison à leurs sentiments. Ces sentiments qui sont, au mieux enivrants, au pire aveuglants. Car hélas, pour craindre quelque chose, il faut comprendre cette chose ; et pour la comprendre, il faut en avoir vu les conséquences. Et au milieu de ce chaos moral, dépourvu de sagesse, les esprits conscients se perdent, submergés de haine et de ressentiment, pour n'avoir pas cédé à l'appel de la facilité, et de la bêtise et de l'ignorance qui l'accompagnent.
… accompagné d'une superbe forme
Au delà de ma longue tirade philosophique, - nécessaire cela dit, pour vous livrer mon interprétation de la morale de ce film - ce que juge être bon à retenir de ce film, ne pourrait se résumer en une phrase. Cette expérience à la première personne que ce dernier nous fait vivre est, comme je l'ai dit, d'une puissance remarquable. Le monde autour de notre protagoniste va vite, si vite ; et bien malgré lui, sa vertu - qui est, tout simplement, d'être humain et conscient de ce que cela représente - se fera engloutir et rejetée, dans ce terrible monde avide de violence irraisonnée. Finalement l'équilibre de ce dernier ne tient qu'à peu de choses. Trois heures, je pense que c'est le strict minimum pour conter cette si riche histoire, délivrant une morale qui va bien au delà d'un clivage bien / mal simpliste ; cette histoire profonde, met en exergue des sujets tragiquement passionnants, que chacun est - et doit être - libre d'interpréter à sa guise.
Conclusion
Le choix de n'aborder que très peu l'aspect technique du film (bande-son, photographie, jeux d'acteurs, etc...) est, - après réflexion - totalement assumé de ma part ; bien que le film soit extrêmement bien réalisé sur tous ces points, j'ai la sensation que ce qu'il faut en retenir, n'est pas du côté des prouesses techniques, mais surtout sur l'histoire passionnante qu'il nous livre. Quels que soient vos à priori sur Oppenheimer, allez le voir. Vous en ressortirez - si votre interprétation le permet - plein de questions, dont vous et vous seul pourrez trouver les réponses.