1995 , 8 ans , rivé tous les samedis devant le Hit Machine pour découvrir les derniers tubes de Ace of Base , Gala et Coolio, encore biberonné aux productions Amblin de Spielberg et avec une passion naissante pour le cinéma de genre ( fantastique et horreur ). Mon frangin gagne sur Skyrock un concours dont la récompense est la VHS du film qui fait le buzz : Orange Mécanique.
Je découvre entre un journal de Mickey et un Dorothée magazine , un exemplaire de Mad Movies avec quelques pages sur la réédition de ce fameux film qui fait polémique. Les images sont choquantes , perverses , attirantes et fascinantes. Lors de la réception de la cassette , interdiction formelle de la mother du visionnage de celle-ci. Peine perdue , interdire une chose à un enfant curieux , c'est paradoxalement le pousser au vice. Une semaine après , je découvre chez mon père avec la complicité du frangin le film qui va me marquer à vie au fer rouge.
Intro musicale colorée , travelling arrière sur les personnages principaux qui sirotent du lait dans un bar aux allures de Sex-Shop. S'ensuit plus de deux heures de débauche de violence , de sexe , de folies humaines , d'images hallucinées et de musiques incroyables. C'est le choc thermique , les émotions sont trop fortes et mélangées par ce que je viens de voir et d'entendre. Je découvre une oeuvre décomplexée , malsaine au possible ( surtout à cet âge là ) sans comprendre forcément la satire d'un système et le côté visionnaire de l'époque. Je suis juste estomaqué par cette osmose bizarre entre le choc des images et séquences avec la musique fabuleuse de Beethoven.
Trop tard , le mal est fait , je découvre Kubrick qui est aujourd'hui mon réalisateur favori , et l'achat de la cassette audio de la Bo du film me conforte dans l'idée que la musique et le cinéma seront à jamais une passion et non une distraction.
C'est avec le temps et de multiples visionnages que je me rends compte de l'impact de ce film. Certains diront qu'il a mal vieilli , que c'est de la violence gratuite , qu'il est trop spécial , quand l'autre moitié verra un chef-oeuvre absolu qui a foutu une patate violente dans l'industrie cinématographique jusqu'à provoquer son retrait des salles. La réalisation est virtuose , la palette de couleurs incroyable , la narration en argot aussi troublante qu'originale, la direction artistique de toute beauté et tout est sublimé par cette ost divine. Le mélange de deux arts à travers un personnage aussi fou qu'humain , un film visionnaire qui marque à vie et qui reste toujours aussi dingue un demi siècle plus tard.
Bref , pour conclure et donner un verdict final , quoi de mieux qu'une citation du film :
"Ô extase... extase divine... c'était splendeur et splendosité fait de chair. C'était comme un oiseau tissé en fil de paradis. Comme un nectar argenté coulant dans une cabine spatiale, et la pesanteur devenue une simple plaisanterie... Tout en slouchant, je voyais des images exquises ! "