Un film affreux, insoutenable. À voir si on veut se confronter à quelques problèmes touchant à l’hum
Que penser à propos de ce film ?
Si on lit sur Wikipédia la description de la méthode expérimentée sur Alex, on ne se rend vraiment pas compte de ce que ça implique. Lire ne suffit pas, il faut le voir pour ressentir ce dégoût profond et ce sentiment inextinguible de révolte. Pourquoi dégoût ? Pourquoi révolte ? Après tout, Alex ne commettra plus le moindre crime ; il préfèrera mourir plutôt que « tuer une mouche ». Voilà donc un danger de moins pour la société.
En réalité, ce n’est pas du tout ce que je me suis dit. Quand je l’ai vu sur scène, à l’issue de ses deux semaines de traitement, en train de lécher les chaussures du type pour éviter de se faire tabasser, devant une assistance venue témoigner de sa « transformation », je n’ai éprouvé que du dégoût. Tout d’abord parce qu’il était à présent incapable de se défendre, incapable d’assurer sa survie : on lui avait ôté son instinct de conservation, ôté tout instinct de… dignité, réduit à fuir et craindre le monde, comme un animal. Condamné à subir pour le restant de ses jours.
Voilà ce que j’ai ressenti en voyant ça. Malgré tout ce qu’il avait commis d’irréparable.
Après, le curé, enfin l’homme d’église, raconte qu’Alex ne commettra plus de crime non par choix, mais parce qu’on le lui a imposé. Il n’est plus capable de choix moral, plus capable de juger. C’est vrai. L’autre type de la prison lui répond que ce qui l’intéresse, lui et le gouvernement, c’est de faire baisser le taux de criminalité. C’est valable, comme argument. Mais regarder un homme se voir ôter sa liberté, se voir réduit à être un animal pitoyable et craintif, en d’autres termes, regarder un homme se voir ôter son humanité, ça a été pour moi viscéralement insoutenable.
Juste après, je me suis dit : « mais… Alex avait déjà perdu son humanité en tuant violant volant ».
C’est vrai. Alors comment ça se fait que je ressente ça ?
J’ai trouvé une réponse : quel que soit l’homme, même s’il a commis le crime le plus inhumain, on ne peut pas supporter de le voir ouvertement se faire infliger un traitement qui lui enlève son humanité. À supposer qu’il n’ait pas tué notre famille dans les plus atroces conditions bien entendu.
Enfin, cette réponse ne vaut que pour moi.
Et paradoxalement, à la fin, je me suis surprise à être soulagée quand j’ai vu que tout était redevenu comme avant. Quand Alex déclare être guéri de son traitement. Et pourtant, si on le relâche, sans aucun doute, il reprendra ses activités.
Encore une fois, pourquoi ce soulagement ? Je pourrais très bien penser que ce qui lui arrive n’est que mérité, vu tout ce qu’il a fait subir aux autres. Peut-être que certaines personnes le pensent, mais je ne pourrai jamais comprendre ce point de vue, tout simplement car ce qui fait notre humanité, c’est qu’il nous est viscéralement insoutenable de voir un corps et un esprit humains violentés.
En tout cas, moi je n’arrive pas à y rester indifférente. Je ne pensais pas qu’un film puisse autant me révulser. Est-ce que l’indifférence est possible face à un film comme ça ? Et a fortiori la réjouissance ? La simple idée de me réjouir du sort d’Alex me dégoûte aussi.