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Plus de 10 ans d'attente pour ce troisième volet. Autant dire que l'impatience était là avec ce OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire, malgré le fait que Michel Hazanavicius soit remplacé par Nicolas Bedos. Non pas que ce dernier soit un mauvais réalisateur, car, bien qu'imparfaits, ses deux premiers films sont tout à fait appréciables. Mais reste que remplacer quelqu'un qui connaît parfaitement la recette par un nouveau peut être source de crainte. Crainte justifiée ou non ? Bon, allez, je balance la fin du suspense tout de suite : oui, c'est justifié. Partiellement du moins...


Partiellement parce que déjà sur la direction artistique, c'est du très bon boulot. Les costumes, les décors, etc. La séquence d'action en intro dans le camp soviétique en Afghanistan est impeccablement réalisée, l'atmosphère de la toute fin de l'ère giscardienne bien retranscrite. Pour l'anecdote, j'étais placé au cinéma à côté d'une personne ayant connu cette période qui hochait la tête lorsque le chef des services secrets dit que l'élection de Mitterrand allait amener la fin de la propriété privée, les chars soviétiques dans les rues de Paris, etc. À cette réaction, j'ai tout de suite compris qu'une partie de la population française avait réellement pensé cela.


Le générique qui parodie visuellement et musicalement ceux des James Bond (en montrant le protagoniste déambulant n'importe comment ou encore un extrait, projeté sur le dos d'une femme, d'un discours de Giscard, président dont seul le ridicule dépassait l'orgueil !) assure.


Côté distribution, Jean Dujardin continue d'incarner brillamment un personnage toujours aussi con. Les seconds rôles ne sont pas en reste... disons que leur interprétation ne donne lieu à aucun reproche, que leur talent ne peut pas être remis en doute.


Non, en fait, le gros problème, c'est l'écriture. Nicolas Bedos a pour objectif bien surligné de parler de notre époque à travers une plus ancienne pour la critiquer. Pourquoi pas, car l'être humain étant toujours con, il est très facile de faire le parallèle entre deux temps différents. Bedos veut se faire la peau des pleureurs des réseaux sociaux, qui sortent les fourches et les flambeaux dès qu'un poil de cul dépasse, de défoncer les ayatollahs du politiquement correct. D'accord, cette entreprise a un aspect jouissif que l'on ne peut pas nier. Mais c'est juste qu'elle l'obsède tant que la construction scénaristique passe totalement au second plan.


Le personnage de Pierre Niney est le symptôme le plus visible de cela (je répète que le talent des comédiens n'est pas à remettre en cause !). Il incarne le type blanc lisse et parfait tel que les Jean-Théodule SJW et les Marie-Cunégonde Woke et Cie aimeraient voir partout. Donc, par l'inévitable agacement qu'il va provoquer chez le spectateur, il ne va servir que d'exutoire et c'est tout.


Franchement, sur le coup, j'ai éprouvé un plaisir intense lorsqu'il se fait emporter par le crocodile. Je plaide coupable.


Mais, sérieusement, il sert à quelque chose du point de vue de l'écriture ? Vous enlevez le personnage, il n'y aurait rien qui serait changé, si ce n'est un rythme qui aurait gagné à plus de fluidité, car le tout aurait été dénué de parties inutiles.


OSS aurait pu détruire tout seul le stock d'armes des opposants au régime du Mobutu avec une pointe de Bokassa, grands amis de la France.


Sans parler que le désir homosexuel refoulé du personnage principal (affiché lors d'une scène !) envers son jeune rival n'est pas du tout exploité alors que ça aurait pu donner un minimum de consistance et d'intérêt à la présence de ce dernier.


Et la cheffe des rebelles jouée par Fatou N'Diaye ? On est loin des femmes fortes des deux premiers opus. Elle n'a pas d'autres fonctions


que de se faire baiser (dans tous les sens du terme !) et humilier par le héros. Et c'est tout. J'ai eu l'impression que leur opposition visait plus à se moquer d'elle que de l'agent secret de Sa Majesté VGE. Jamais la jeune femme n'est montrée comme agissant d'une manière intelligente à un quelconque moment (bon, d'accord, elle fédère des factions des adversaires du dictateur, mais c'est dit rapidement au détour d'une réplique, pas montré ; ce qui n'a pas du tout la même efficacité !). Ce qui me pousse à me poser la question de savoir si Bedos, comme OSS, n'a pas du tout saisi au fond de lui-même qu'être sexiste, c'est naze, et que pour dix mille polémiques débiles sur Internet, il y en a quelques autres à être légitimes, pour ne pas dire nécessaires, à surnager.


À tout prendre, j'ai préféré largement la directrice d'hôtel incarnée par Natacha Lindinger dont les relations avec notre beauf adoré donnent au moins lieu à quelques piques amusantes.


Et pour en revenir au film dans sa globalité scénaristique, c'est juste une succession de railleries envers les justiciers à deux balles du clavier et pas du tout ce qu'il aurait dû être, à savoir un ensemble avec une intrigue efficace et aboutie, avec des péripéties s’enchaînant naturellement, des vannes bien amenées ainsi qu'avec des personnages secondaires mémorables, car bien creusés et utilisés jusqu'au bout, ayant chacun une raison d'être.


Est-ce que ce troisième film est en trop ? Je dirai plutôt que c'est Bedos qui est en trop. La parodie OSS ne fonctionne que quand Hazanavicius est aux commandes. Lui absent (pour conclure sur une référence bondienne facile et bien pourrave !), Hubert Bonisseur de La Bath n'aurait dû vivre que deux fois.

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le 6 août 2021

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Plume231

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