Label provoc
Pour les amateurs de l’agent le plus beauf de France, le retour aux affaires ne pouvait que réjouir, et il n’y avait pas trop à craindre de voir Nicolas Bedos prendre le relai de Michel Hazanivicius...
le 4 août 2021
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Autant je n'avais pas d'attache particulière à la série Kaamelott, que j'aimais bien sans être un grand fan, autant je suis un grand admirateur des deux films OSS 117 d'Hazanavicius. Ces derniers sont d'ailleurs probablement mes comédies préférées tout pays et toute époque confondue. Je ne compte plus le nombre de fois où je les ai vues et pourtant je rigole toujours autant à chaque visionnage. Tout fonctionne, le timing comique, la réalisation soignée, les dialogues, le jeu des acteurs, l'aspect pastiche, le second degré, TOUT. Ce sont des films qui arrivent à faire des blagues franchement racistes mais franchement drôle sans pour autant tomber dans la complaisance ET sans pour autant retirer toute sympathie envers le personnage de Hubert, et ça s'est fort. Le mélange entre le côté très premier degré des réflexions débiles de Dujardin, le contrepoint plus actuel apporté par les réactions dépitées des autres personnages et la dimension de pastiche qui fait que l'odieux protagoniste sort toujours victorieux (au point de finir par embrasser la fille qui le méprisait pourtant tout le long de l'aventure) est absolument savoureux et fonctionne à merveille.
Autrement dit, lorsqu’un troisième film est annoncé, que le réalisateur des deux premiers dit ne pas aimer le script et que la réalisation est attribuée à Nicolas Bedos, personnalité ultra controversé dans ses prises de paroles publiques, internet a pris ses fourches et ses pioches pour crier sa colère comme il sait si le bien le faire.
Pourtant, bien que la proportion qu’a pris cette polémique (si on peut vraiment appeler ça une polémique) est un poil exagérée, il faut avouer que j'étais moi-même inquiet. Les premières bandes annonces n'étaient pas très convaincantes et la subtilité des premiers films semblait avoir un peu disparu. Malgré tout, j'avais entendu plein de bonnes critiques des deux précédents films de Bedos (que je n'ai pas vus, je précise), donc pourquoi ne pas essayer ?
Et finalement, après avoir vu le film, je me retrouve un peu dans la même situation qu'avant : je ne sais pas trop quoi penser. D'un côté, j'ai vraiment passé un très bon moment, la salle riait beaucoup et j'ai moi-même eu pas mal de moment de bonne grosse rigolade. D'un autre côté, je trouve effectivement qu'il manque un truc, de la subtilité, de la rigueur, comme si on avait voulu refaire du OSS sans trop comprendre ce qui fait le sel d'un OSS.
Pour commencer par les points positifs, le casting est au top, à commencer par Dujardin. Ce rôle de branleur complètement à la ramasse qui lui colle à la peau depuis Un Gars une Fille en passant et Brice de Nice lui va à merveille et on sent qu'il s'amuse toujours autant avec le personnage. Pierre Niney est aussi très bon dans le rôle du jeune millénale à la pointe de la mode et de la technologie, et les rôles plus secondaires sont tous aussi bien interprétés que dans les premiers films.
Ensuite, comme je l'ai dit plus tôt, le film est souvent drôle. Beaucoup de blagues font mouches, et il faut dire que le long métrage n’arrête pas et nous en envoie un paquet à un rythme franchement soutenu. Comme dans les premiers films, presque chaque plan contient un gag, qu'il soit visuel ou qu'il se trouve dans les dialogues. Bedos arrive même à renouveler la formule en changeant le rapport d'Hubert avec les minorités. Ici, il est prévenu dès le début qu'il faut qu'il fasse attention à ce qu'il dit car les africains "voient du racisme partout". Autrement dit, on a un personnage fondamentalement raciste et ignorant qui va tout faire pour se rattraper à la moindre bourde, aggravant donc évidemment son cas, ce qui donne des situations vraiment drôles. On notera également pas mal de blagues tirées des premiers films (probablement trop d'ailleurs), comme cette pose que prend Hubert pour réfléchir lorsqu'il arrive à une intercession dans une course poursuite.
Cependant, c'est également avec l'humour que les problèmes arrivent. Tout d'abord, et c'était prévisible étant donné son réalisateur, le film a tendance à vouloir en faire trop. Ce n'est pas tant le fait qu'il y ait beaucoup de blagues le problème, c'est la façon de les gérer. Dans les films d'Hazanavicius, on n’a jamais réellement le sentiment que le film veut nous forcer le trait sur le côté immoral du personnage d'OSS. Lorsqu’il dit une bêtise, un contre champ sur le ou les personnages qui l'écoutent suffit à nous faire comprendre le second degré, et le réalisateur n'hésitait pas à faire durer les plans pour bien s’imprégner du malaise de la situation. Ici, Bedos en fait trop. Trop à un point ou le personnage ne devient plus juste sympathiquement con, mais profondément antipathique par moments. La faute à certaines répliques qui sont justes gratuitement méchantes sans être drôles. Hubert n'est plus juste con, il parait mal attentionné et on a l'impression que Bedos veut exprimer avec lui son côté sale gosse.
Et attention, je ne reproche pas au film d'être immoral, j'aime quand un film met à mal la morale. Le problème c'est que ça atténue une bonne partie de ce qui devait être comique à la base. Du coup, pour se rattraper, Bedos en fait des tonnes, et insiste bien plus sur le côté potache que ses prédécesseurs (qui possédaient aussi quelques blagues en dessous de la ceinture, on ne va pas se mentir).
En fait, ce qui est perturbant avec cet OSS, c’est que tous les ingrédients sont là pour que ça fonctionne, mais il manque quelque chose, un ingrédient secret ou juste le bon cuisto pour les cuisiner correctement. Objectivement, je retrouve là tout ce qui me faisait rire dans les premiers films, mais fades, sans de véritable soin apporté. Comme si Bedos avait utilisé le prétexte d’OSS pour faire son film corrosif et subversif, retirant ainsi une bonne partie de ce qui faisait le charme des précédents films. Et cette envie de subversion est de plus complètement loupée, puisque à part quelques blagues pipi-caca le long-métrage reste relativement sage sur ce qui est pourtant le sujet principal du film : le rapport de l’Occident avec ses anciennes colonies.
Pour conclure, je dirais que cet Alerte Rouge en Afrique Noire reste sympathique et parfois franchement drôle, mais rate malheureusement le coche sur de trop nombreux points pour pouvoir être au même niveau que ses prédécesseurs.
Créée
le 26 août 2021
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