Joli pied de nez à tous les théoriciens « officialistes », la toute dernière image de l’ultime long-métrage du grand cinéaste qu’aura été et demeure à jamais, Sam Peckinpah, exhorte le spectateur à éteindre sa télévision. Cette boîte à mensonges aux apparats clinquants dont l’extinction de la mire apparaîtra comme un ultime clin d’œil ironique de "bloody" Sam à la masse éberluée.
Adaptation libre du roman de Robert Ludlum, Le Week-end Osterman, que les distributeurs français auront cette fois la finesse d’esprit de ne faire que traduire littéralement, ce film d’espionnage à tendance « conspirationniste » - autre terme galvaudé utilisait par les abrutis de la matrice afin de décrédibiliser ceux qui peuvent douter de certaines « thèses » officielles, et de plus en plus usité par le cirque médiatique, comme une arme de destruction massive. Parenthèse fermée – ce film d’espionnage donc, est filmé comme une énorme supercherie à l’esthétique clinquante façon MTV, vulgarisée par une image sirupeuse de film de cul du dimanche soir sur M6. Car tout ça n’est pas bien sérieux.
Cependant l’artifice cinématographique opératique « Peckinpien » ne tarde à refaire son apparition dans quelques moments spectaculaires. Notamment une scène de poursuite en voitures particulièrement bien orchestrée et un final tronqué en forme de mascarade jouissive, à grands renforts d’effets poussés à l’extrême, servant à étoffer cette énorme supercherie de mise en scène, on est loin des gunfights de La Horde Sauvage. Les desperados des plaines arides étant ici remplacés par quelques bobos bien coiffés et leurs épouses dont une habile archère qui dégomme des soldats de forces spéciales absolument confondant de ridicule.
Ne s’épargnant pas certains excès visuels et un esthétisme eighties, laid et galvaudé par un maniérisme un peu trop démonstratif, ce dernier baroud d’honneur de l’un des plus grands cinéastes américains, apparaît comme un ultime uppercut en forme de bras d’honneur, certes maladroit et pas toujours finaud, au cirque médiatique. Quand au message final «what’s the fuck » il est juste un dernier uppercut dans la gueule de tous les béni-oui-oui en marche vers leur propre extinction.