Carine Tardieu est l'une des rares réalisatrices françaises dont je suis la carrière, une fois encore plutôt à raison. Non pas que ce « Ôtez-moi d'un doute » soit une leçon de cinéma ou même un exemple de comédie, mais il y a une fraîcheur, un charme, une légèreté faisant défaut à 90% des titres du genre dans l'hexagone, ce qui est évidemment appréciable. Dans un cadre breton inégalement exploité, l'auteur du « Vent dans mes mollets » imagine un scénario plaisant, faisant la part belle aux personnages et à une écriture discrète mais réelle, l'occasion d'offrir plusieurs jolies scènes aux spectateurs et quelques idées plutôt étonnantes, comme découvrir (un peu) le quotidien des démineurs en France au XXIème siècle.
Dommage toutefois que le dernier tiers soit souvent en roue libre, et si l'on comprend où veut en venir l'amie Carine concernant l'attente et l'indécision, on sent bien qu'elle n'a alors plus grand-chose à raconter, tant presque tout a déjà été posé précédemment. Quelques jolies réflexions sur la filiation et les relations hommes-femmes permettent heureusement de nuancer légèrement cette impression, le quintet de comédiens (Cécile de France et André Wilms en tête) prenant manifestement beaucoup de plaisir à interpréter ces personnages attachants. C'est bon, parfois, un film avec des gens juste « normaux », dans lesquels on se reconnaît, sans méchants pour venir mettre le bazar... Avec en bonus une bande-originale très éclectique mais plutôt réussie, dont le savoureux « Chiribim, Chiribom ». Malgré son fort fléchissement sur la fin, une œuvre agréable et touchante.