Voilà un film qui m'inspirait quelques doutes (ça avait tout du projet casse-gueule), d'autant plus que, sur les quelques images vues, je n'avais pas été immédiatement séduite par le graphisme. Doutes levés après avoir vu ce film.
Visuellement, c'est très réussi, autant du point de vue de l'animation que du graphisme. Si les personnages sont stylisés, le cadre est décrit avec précision.
Scénaristiquement aussi. L'idée d'utiliser l'amie imaginaire Kitty comme un pont entre les deux époques donne au film un aspect de conte fantastique qui se mêle très bien à la réalité. Au passage, le film montre comme Anne Frank a été institutionnalisée, sacralisée, au point de perdre de vue qui elle était, une adolescente ordinaire prise dans les tourments de l'histoire, et qui avait trouvé dans l'écriture (et d' abord dans l'imaginaire -dont le cinéma-) un refuge,. Les personnages de sa famille (et de l'autre famille s'étant réfugiée au même endroit) ne sont pas héroïsés, ils sont montrés comme des gens ordinaires.
Historiquement, le film est précis (sur les mesures anti-juives aux Pays-Bas, sur les lieux d'internement avant le départ pour les camps, etc...). C'est son petit côté pédagogique (le film est visible par un public jeune, disons des collégiens, n'ayant aucune connaissance du sujet).
La conclusion (sur les réfugiés) augmente l'aspect un peu conte, mais ne gâche pas le film.
Le parallèle se fait surtout sur le fait que ces réfugiés sont comme Anne, victimes des guerres et de l'intolérance (la famille Frank était une famille allemande ayant fui son pays à l'arrivée au pouvoir des nazis).
Très beau parallèle fait entre la déportation et le voyage aux Enfers (dans la mythologie grecque) : les différents fleuves à franchir, jusqu'au dernier au-delà duquel il n'y a plus d'espoir...(un peu comme quand Dante disait "vous qui entrez ici, abandonnez tout espoir").