Ceux qui ont vu les premières annonces du film ont sans doute été très déçu de savoir qu'il ne s'agit pas d'une adaptation du premier journal d'Anne Frank d'Ari Folman mais de sa "suite", sortie cette même année. Et ce qui tape à l’œil tout de suite c'est l'écart graphique et scénaristique entre les deux.
Là où le premier avait un aspect caricatural mais authentique, celui-ci fait plus cartoonesque. Le mélange entre 2D et 3D créé des personnages qui doivent constamment être en mouvement, ruinant certaine scène qui gagneraient à être statique. Là ou les locations et la famille d'Anne Frank semble solides et réels par leurs impuretés, tout ce qui ressort du XXI siècle fait lisse et enfantin.
Le plus gros point faible du film est sa narration, les deux intrigues se coupent constamment sans bonne transitions et s'affrontent dans des tons inégaux. La réalité dans laquelle vit Anne Frank est dur est sordide là où Kitty et les migrants ne semblent jamais en réel danger. La première multiplie les excellentes idées visuels tandis que la seconde reste convenu, voir pire, réutilise des clichés déjà vu milles fois dans des films pour ados.
Le plus détestable pour moi est surtout de toujours avoir un personnage réagissant à la place du spectateur.
La mort d'Anne Frank ne mérite pas de scènes larmoyantes, on la construit soi-même après s'être attaché à elle tout au long de l'histoire.
Au final, après avoir vu laquelle de ces deux intrigues a été clairement le plus poussées par le réalisateur, on se demande où est le respect, pas juste pour l’œuvre original qui se suffisait déjà à elle-même mais plutôt aux spectateurs qui connaissent l’histoire d'Anne Frank. Il y a vraiment une moral paternaliste permanente, comme si tout le monde à part le réalisateur avait oublié le message original. C'est d'autant plus naïf que de croire que les institutions qui perpétuent ces oppressions puissent êtres changé par de beaux discours.
Comme la bibliothécaire, je recommande de lire l'original en premier, qui en dit bien plus en restant à son époque plutôt qu'en essayant de le remettre aussi maladroitement dans le contexte actuel.