Deux critiques, la première écrite en 2009, la seconde en 2021.
Première critique (2009) (4/10) :
Si Alejandro Amenábar est incontestablement l'auteur de réussites remarquables, on peut être un peu plus dubitatif quant à la qualité réelle de quelques autres. En effet, si "Ouvre les yeux" n'est pas une catastrophe, cela n'en demeure pas moins un film profondément maladroit. Car si certaines scènes arrivent à faire leur effet (notamment par une esthétique parfois inspirée), c'est loin d'être le cas sur la durée. Amenábar n'arrive en effet jamais à trouver un ton vraiment juste, poétique, envoutant, et ce alors que le thème avait pourtant vraiment de quoi fasciner. Qui plus est, lorsque l'on sait comme moi que le film est très librement inspiré d'un grand classique de la science-fiction (que je me garderais bien de vous citer au cas ou vous l'auriez lu vous aussi), le plaisir devient presque inexistant, tout comme l'effet de surprise.
Mais pire que tout cela, on a l'impression qu'Amenabar, bien que réussissant à faire ressortir quelques thématiques, est incapable de faire ressortir toute l'ampleur d'un tel sujet, qui plus est lorsque que l'esthétique générale (particulièrement la photographie) est mal rendue. La fin s'avère par ailleurs convaincante et explique tout mais là aussi, une question se pose : est-ce bien suffisant de tout expliquer (même bien) en quelques minutes si l'on n'a a pas réussi à nous intéresser durant les 110 minutes précédentes? Un coup pour rien.
Seconde critique (2021) (8/10) :
Je crois que c'est une grande première : jamais je n'avais changé d'avis aussi radicalement sur un film en le revoyant, et ce « seulement » douze ans après. Pour moi, « Ouvre les yeux » était une œuvre ambitieuse mais un peu ennuyeuse, où Alejandro Amenábar ne se montrait pas à la hauteur de ses ambitions. C'est pourtant un titre passionnant, incroyablement original et follement personnel que j'ai redécouvert. Si l'esthétique était le seul aspect qui m'a légèrement bloqué un temps, même celle-ci a fini par me transporter, la réalisation souvent aérienne, très inventive, se mettant totalement au service d'un scénario multipliant les idées pour offrir un récit complexe et pourtant toujours clair, où tout finit par avoir une explication sans tomber dans la démonstration.
Beaucoup d'intelligence également dans l'écriture, où l'on sent des personnages constamment bien écrits, nuancés, même notre héros a priori peu sympathique se révélant beaucoup plus subtil qu'au premier abord. Loin du montage confus que ces allers-retours temporels auraient pu laisser craindre, ce dernier met, au contraire, autant en valeur l'intelligence du propos que son histoire d'amour et sa dimension science-fictionnelle, à la fois discrète et omniprésente. Porté par d'excellents acteurs et plusieurs scènes inoubliables, « Ouvre les yeux » est pour moi LA redécouverte de ces derniers mois : oui, je pourrais dire une fois dans ma vie que je suis passé de 4 à 8 étoiles après revisionnage d'un film.