DeMille n'oublie pas qu'il est réac mais les rebondissements oublient eux de ne pas être pauvres !!!
Première Palme d'or de l'Histoire qui le serait peut-être si le déclenchement de la Seconde Guerre Mondiale n'avait pas interrompu les festivités, on peut se demander ce qui est passé par la tête de Jean D'Ormesson et de son jury en 2002 pour avoir attribué la récompense suprême cannoise à ce Cecil B. DeMille décevant d'autant plus que la sélection comprenait de bien meilleures œuvres comme "Les Quatre Plumes blanches", "Au revoir Mr. Chips" et surtout le mythique "Le Magicien d'Oz".
Cecil B. DeMille a beau être un des réalisateurs les plus insupportablement réacs de tous les temps, quand il était au meilleur de sa forme il donnait des œuvres cinématographiques fabuleusement spectaculaires, un véritable plaisir à regarder. Ici, la séquence impressionnante où un train amenant la cavalerie traverse un pont en feu est une preuve qu'on a bien le réalisateur de "Les Naufrageurs des mers du sud" et des "Dix commandements" derrière la caméra, mais globalement "Pacific Express" n'est pas terrible.
L'ensemble dure deux heures et quinze minutes alors qu'il aurait pu en faire fastoche une demi-heure de moins, les personnages, malgré des scènes de bavardage longuettes pour essayer de les approfondir (sauf le méchant joué par Brian Donlevy qui apparaît de manière trop sporadique pour pouvoir être un minimum réussi et marquant !!!) et des stars talentueuses et charismatiques pour les incarner, sont peu attachants. Les rebondissements sont pauvres et conséquence l'intensité dramatique est quasi-absente.
De plus c'est très manichéen, malgré une scène forte et révoltante au début où un méchant abat gratuitement d'un train un indien qui suivait ce dernier à cheval pour le fun qui semblait devoir annoncer le contraire, on va très vite dans le schéma gentils blancs vs méchants indiens, oubliant que ces derniers ont eu de très bonnes raisons de se battre contre la construction du premier chemin de fer transcontinental Est-Ouest aux Etats-Unis et qu'ils ont été massacrés en masse pendant cette dernière. Et contrairement au "Cheval de fer" de John Ford, qui aborde le même sujet mais d'une manière différente, qui n'occultait pas de rendre hommage quinze ans plus tôt à toutes les communautés raciales ayant participé à ce projet titanesque, là on a l'impression que seuls les blancs s'y sont usés. Le vieux réac qu'est DeMille lui n'a malheureusement pas oublié de crier "présent".
Pour terminer sur un petit point positif, le générique de début a dû inspirer George Lucas pour celui des "Star Wars".