Panique année zéro est un film post-apocalyptique réalisé en 1962 alors que les États-Unis et l’URSS sont en pleine phase d’intimidation. Il s’agit d’une petite production AIP dont le manque de moyens est flagrant mais qui fonctionne fort bien grâce à la réalisation très efficace de Ray Milland, surtout connu comme acteur.
Le film est d’une très grande noirceur. Là où l’on pourrait s’attendre à ce que les américains se serrent les coudes face à la catastrophe nucléaire, le film nous montre au contraire une société qui se désagrège immédiatement et retourne au stade du « chacun pour soi » : il s’agit de s’en sortir par tous les moyens face à ceux qui veulent profiter de la situation tel les marchands qui augmentent les prix ou ceux qui écument les routes pour voler ou violer ceux qui fuient. Ici, le premier réflexe n’est pas de chercher d’autres rescapés, contrairement à beaucoup de films de ce genre à l’époque, mais de les fuir à tout prix et de recréer une communauté uniquement familiale.
C’est aussi une sorte de retour à l’histoire fondatrice des États-Unis telles qu’on peut la voir dans beaucoup de westerns : construction d’un abri en terrain sauvage, obsession sécuritaire et donc méfiance envers ses voisins, port continuel d’armes à feu. On peut même considérer que le titre « année zéro » est ici symbolique d’un retour à la préhistoire comme semble l’indiquer le fait que la famille chasse pour se nourrir et s’installe dans une grotte dans laquelle se trouve des peintures pariétales, le fils entreprenant d’ailleurs d’en ajouter de nouvelles. Comme le fait remarquer Alexandre Piletitch (critique à Revus & Corrigés) dans un des bonus de l’excellent édition parue chez Rimini, le père, devenu patriarche autoritaire, entraîne son fils dans son obsession sécuritaire. Ils reforment ensemble le séculaire schéma machiste, symbolisé à l’écran par leur place dans la voiture : au début du film et avant la catastrophe, le père et la mère sont à l’avant et le fils est assis à l’arrière avec sa sœur, après la catastrophe, le fils est à l’avant avec le père et les deux femmes sont à l’arrière.
Panique année zéro est donc une très bonne petite série B qui bénéficie d’une très belle photo noir et blanc. Malheureusement la musique jazzy de Les Baxter, qualifié par Joe Dante de « Bernard Herrmann d’AIP », n’est pas toujours adaptée au film et est même parfois totalement hors-sujet, comme dans la séquence du viol où elle désamorce complètement la tension.