Dire que j'y allais à reculons est un euphémisme : titre indigent, affiche très moche, bande-annonce pénible, succès au box-office français toujours un peu inquiétant... Autant dire que le premier film de Martin Bourboulon ne partait pas avec les faveurs de mon pronostic.
Mais il faut croire que parfois, le bon peuple français peut avoir plutôt bon goût : en effet, "Papa ou Maman" n'est pas la comédie familiale grand public et agaçante que l'on pouvait craindre.
Grand public, le film l'est assurément, n'évitant ni les stéréotypes ni l'humour facile par moment ; mais avec suffisamment de dérision et surtout de mauvais esprit assumé pour faire passer la pilule, et une durée suffisamment brève (à peine 1H15) pour éviter de trop lasser - le concept restant malgré tout assez simpliste.
On assiste donc au divorce a priori paisible et consensuel d'un couple devenu meilleurs amis, et à la lutte qui s'en suit pour obtenir la garde des enfants. Ou plutôt pour éviter ladite garde, les deux anciens époux ne reculant devant rien pour se rendre détestable auprès de leur progéniture adolescente (elle-même insupportable, histoire de faire passer la question "morale" auprès du public familial ciblé).
"Papa ou Maman" repose évidemment sur les épaules de son tandem d'acteurs principaux, Marina Foïs en mère moderne complètement déphasée, et Laurent Lafitte en papa très cool mais égocentrique.
En dépit de ses quelques excès et maladresses, "Papa ou Maman" reste une comédie plutôt sympathique et bien écrite, truffée de dialogues et situations amusants. On se souvient alors que les scénaristes Mathieu Delaporte et Alexandre de la Patellière étaient déjà ceux du "Prénom", autre comédie française à succès, qui bénéficiait d'une écriture remarquable.
Dotée par ailleurs d'une mise en scène élégante, d'un humour familial bien maîtrisé, et de seconds rôles discrets mais savoureux (Michel Vuillermoz, Anne Le Ny, Michael Abiteboul, ou encore la délicieuse Vanessa Guide), "Papa ou Maman" reste la bonne surprise inattendue du cinéma populaire made in France, cru 2015.