Même si l'histoire est loin d'être véridique, et qu'il s'agit plutôt d'une compilation de récits et d'évasions rédigées à la première personne, le film reste captivant.
Steve McQueen livre une prestation parfaite. Toujours magnétique, il donne corps au personnage d'Henri Charrière sans en rajouter, en étant impliqué, flegmatique et terriblement humain. Dustin Hoffman, malgré un jeu un peu effacé, suscite évidemment notre empathie puisque, à la différence de Papillon, il connaît la peur et ses propres limites.
Contrairement au remake de 2018, ce film s'attarde sur l'épopée de Papillon sans la réduire à une simple histoire d'évasion : on l'accompagne quelque peu dans ses années de captivité. L'ambiance humide et glauque de la Guyane et de ses cachots sordides est très bien plantée, on sent la moiteur, la chaleur accablante, le passage du temps. La réalisation reste sobre et bien rythmée, et le film n'a aucun mal à nous embarquer. Franklin James Schaffner parvient à équilibrer l'émotion, les moments de tension et le poids des années.
C'est donc un film qui vaut largement le coup d’œil, MAIS après l'avoir revu, j'ai remarqué qu'une poule avait été blessée (voire tuée, mais qui sait?) pour les besoins d'une scène et ça, c'est le genre de trucs qui me fait gerber, d'où ma note (et paf). Je reste perplexe devant tant de cruauté, qui n'ébranle pas grand monde et qui est parfois même légitimée par ceux qui affirment que, dans "l'art", la fin justifie les moyens, et que le contraire n'est que sensiblerie. Si la douleur, la peur et la souffrance d'un être vivant sont nécessaires aux besoins d'un film, ou d'une quelconque création, cela ne m'étonne pas que notre civilisation aille droit dans le mur.