Virez le contexte, les images d'archives et la voie off, virez la scène émotion aussi, et demandez, droit dans les yeux à celui qui aurait du être dans un Okha de tout raconter. Pragmatiquement, techniquement, tout lui demander. Comment était l'avion, comment ça se pilotait, comment lui parlait ses supérieur, ce qu'il racontait à ses amis, ce qu'il pensait, ce que représentait l'empereur pour lui, etc., etc.
Le procédé est simple, la réal minimale aussi (mais loin d'être inexistante) : cadré sur le visage, on coupe peu, on écoute. Quand tu as un mec comme ça en face de toi, tu fais pas dans le mélo, tu fais pas des tours de passe-passe. Tu vas droit au but, tu poses tes questions très précisément et tu la boucle, chaque seconde est précieuse. Et c'est exactement ce que les réals ont fait.
Au final c'est un document abrupte, mais extrêmement riche. Je pense qu'il a plus d'intérêt scientifique que cinématographique, surtout quand on sait que les mémoires de Fujio Hayashi sont inachevées. Mais il reste un vrai geste cinématographique, à la hauteur du sujet : s'en foutre royalement de toute forme d'accessibilité pour le spectateur, pour se concentrer sur l'efficacité et exhaustivité de l'information.
Film radical et exigeant, qui se regarde peut-être plus dans une salle d'archive où on peut rembobiner et prendre des notes, et sans doute un document essentiel (même si je peux difficilement en juger…).