Comme beaucoup de films, j'ai pris des années à le découvrir, presque dix ans pour celui-ci.
Autant le dire, Alain Cavalier s'est clairement éclaté en mêlant documentaire et fiction : ainsi la toute première scène le montre (hors champ) et Vincent Lindon préparés un bon repas : cela dure au moins cinq minutes et ils ont une discussion ordinaire, Cavalier demande à Lindon quel film il joue en ce moment : il dit qu’il interprète un homme aidant un garçon allergique à la lumière du soleil (c’est le film « La permission de minuit »). Ils disent ce qu’ils comptent faire : « Moi je jouerais le président et toi tu seras un chef d’entreprise et je t’engagera comme premier ministre. », ainsi la fiction entre progressivement et on voit Vincent Lindon ne faire plus qu’un avec son personnage, entrer vraiment dans son personnage (comme le fait Daniel Day-Lewis par exemple) ce qui le désarçonne.
Et parfois, ça revient au documentaire, au making-of, puis de nouveau dans la fiction.
Ainsi lorsqu’il est lui même : Vincent Lindon, sans maquillage (il a un bouton sur le front qui aurait pu masquer par du maquillage) a ses tics faciaux, alors que lorsqu’il joue le personnage de premier ministre : il ne les a plus. On note que les décors sont réels : ainsi il y a des séquences vraiment tournées chez Vincent Lindon, qui prend au moins deux minutes à parler des souliers de son grand-père. On le sait, à travers des interviews de lui, des moments à la télé : Vincent Lindon est un homme révolté, engagé, spécialisé dans les drames sociaux et à un moment : il monologue longuement sur une dispute qu’il a eu avec le proprio de son immeuble et s’emporte sur les injustices entre pauvre et riches et les concessions que l’on doit faire : on ne sait pas si cette dispute a réellement eue lieu mais on veut bien le croire.
« Pater » est ponctué d’apartés comme ça où différents protagonistes, comme un ancien joueur de basket visiblement ami de Vincent Lindon monologue sur les saloperies que l’on se fait dans les membres d’une même équipe. Malgré son propos très politique, il y a vraiment des idées, des choses qui m’ont touchées, des propos qui m’ont touchés : il y a quelque chose quoi.
Mais on se dit un film politique, puisque là, c’est pratiquement ironiquement un documentaire sur les arcanes du pouvoir, comment un homme premier ministre cherchera à devenir Président finalement que c’est extrêmement sérieux, alors que pas vraiment : il y a pas mal d’humour, de légèreté, car pas mal d’improvisation. Une séquence que j’aime beaucoup c’est lorsque Vincent Lindon se plaint d’Alain Cavalier qui l’avait engagé pour quelques séquences de tournage pour jouer un premier ministre mais que le réalisateur a finalement changé d’acteur : c’est vraiment méta. Parce qu’il se plaint du tournage du film dans le film. Par ailleurs, parfois on voit les deux hommes filmer ou se filmer.

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le 6 août 2021

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Derrick528

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