Avec Pauvres CréaturesYorgos Lanthimos traduit son cynisme habituel et délicieusement cruel en obsession malsaine pour le corps (ses plaisirs et ses douleurs), sa froideur photographiques aux angles inédits à de prétentieux artifices surexploités et sa misanthropie en récit facilement féministe. Comme si Barbie avait pour meilleur copain Frankenstein et jouait avec lui aux poupées gothiques, dans un univers steam-punk baroque et rococo noyé dans des fonds verts d'une effroyable laideur.
Ce récit interminable (la dernière heure qui multiplie les rebondissements est franchement pénible) est servi avec une soupe tiède faussement provocatrice, qui n'a pour elle que les prestations de ses comédiens, son humour anglais qui fait mouche et (pas un comble pour le réalisateur) une certaine ambition cynique à l'analyse de la bêtise et la perversité humaine (en particulier masculine).