A mi-chemin entre mélodrame et thriller/film noir, John M Stahl signe un film à la gloire de la belle Gene Tierney, qui aimante la caméra au point d'éclipser ses partenaires, une Jeanne Crain encore débutante au rôle trop effacé, et un Cornel Wilde handicapé par son personnage de boyscout romantique, peu compatible à mes yeux avec le statut d'écrivain.
J'ai eu la chance de découvrir "Leave Her to Heaven" sans rien connaître du synopsis, ce qui m'a permis d'apprécier les surprises du scénario, et l'audace d'une scène en particulier (celle de la barque au milieu du lac, glaçante).
Visuellement, le film est splendide, avec un Technicolor spectaculaire qui met bien en valeur la variété des superbes décors naturels (Arizona, Nouveau-Mexique, Maine, Wyoming).
Leon Shamroy obtiendra d'ailleurs l'Oscar de la meilleure photo.
En revanche, pour son premier film en couleurs, le réalisateur John M Stahl se manque sur sa dernière partie, avec une parodie de procès durant laquelle un Vincent Price très agressif passe son temps à brailler, et un dénouement trop moral pour être honnête, surtout après les audaces précédemment évoquées.