Disney poursuit l’exploitation de ses grands classiques en les adaptant en films live, parfois pour la plateforme Disney+, comme ici avec Peter Pan & Wendy. Le mythe de l’enfant qui ne veut pas grandir est exploré à fond dans ce remake, pour un résultat plutôt satisfaisant.
Le film brille avant tout par sa magie et son aventure. Les enfants vont adorer découvrir leurs homologues voler de Londres au Pays imaginaire grâce à la poussière de fée. Le résultat est visuellement sublime. Les paysages sont jolis, le cadre est enchanteur. La définition du film est vraiment onirique, avec de belles idées visuelles, au détriment de certains décors attendus, mais que l’on ne retrouve pas (le refuge des Garçons perdus sous le chêne devient un manoir abandonné, pour ne citer qu’un exemple).
Le film déplore quelques faiblesses au niveau du rythme, en dent de scie, de l’intensité dramatique, les thématiques auraient mérité plus de profondeur et d’impact. Le casting ne m’a convaincu qu’à moitié. Jude Law en Capitaine Crochet et Ever Anderson en Wendy sont des choix efficaces. Les deux acteurs sont convaincants. Alexander Molony, le petit garçon qui joue Peter Pan, est exceptionnellement mauvais. Yara Shahidi n’est pas non plus très efficace dans son rôle de Clochette. Il me faut préciser (au vu de l’époque débordante de censeurs) que mon avis n’a rien à voir avec la couleur de peau des acteurs, c’est juste mon sentiment. J’ai vraiment l’impression, qu’au profit d’un large éventail inclusif, le choix du casting s’est porté sur un cota, plutôt que sur de véritables performances. C’est mon avis pour ce film en tout cas. En revanche, j’ai beaucoup apprécié l’intégration d’un acteur atteint de trisomie dans le rôle d’un garçon perdu, un choix qui est vraiment très pertinent dans ce cas de figure précis. Par ailleurs, le jeune garçon est vraiment remarquable dès qu’il apparaît à l’écran. Mais, encore une fois, dans un exemple parfait de parité, les garçons perdus intègrent ici plusieurs fillettes… un non-sens absolu pour moi (J. M. Barrie a écrit les Garçons perdus, non pas les enfants perdus), tout comme l’émancipation de Lily la Tigresse, qui semble être là pour flatter une communauté qui ne cesse de s'indigner lorsqu'elle est représentée dans un film américain. Si ces choix pourraient paraître anodins et sans incidence, je trouve qu’ils retirent malheureusement tout l’intérêt du personnage de Wendy, qui était exceptionnel de par le fait qu'elle était la seule fille du groupe, jusqu’à lors, et que c’était justement cela qui la rendait si importante aux yeux des Garçons perdus. Bref, il y a tout de même certains changements difficiles à apprécier.
Pour ce qui est des changements bénéfiques, j’ai bien aimé le retour de l’ombre de Peter Pan, qui joue un rôle plus important dans ce film, plutôt ingénieux, et dans le respect du Grand Classique (pour une fois).
Voilà, j’aurais pu attribuer une note supérieure à six étoiles pour ce film, mais encore une fois, Disney me donne l’impression de cracher dans la soupe. Il y a quelque chose qui me dérange dans toutes ces adaptations : elles ne vont pas au bout de choses, ne jouent ni la carte de la réinterprétation ni celle de la retranscription. En ne voulant froisser aucun public, Disney crée le malaise avec des films hybrides, aux frontières de deux mondes, souvent un peu étrange. J’aurais préféré une adaptation plus mature, plus profonde.
Le spectacle n’en demeure pas moins très divertissant.