Quand l'enfance part en couilles

Gaby est dans une sacrée merde ! Il vend et bouffe très mal les mangues qu'il vole à son voisin, son daron est joué par Jean-Paul Rouve, la relation de ses parents ne tient qu'à un fil, sa prof garde une chouette dans un carton au fond de sa salle de bain et le génocide des Tutsis frappe aux portes de son petit pays. Tu parles d'une belle enfance !

Le film d'Eric Barbier est une adaptation propre, voire même lisse, du fameux roman de Gaël Faye. Si le bouquin est lui drôle, inspirant, déprimant, puissant, l'adaptation sur grand écran l'effleure sur ce tableau-ci. C'est certes très fidèle, une transfiguration correspondant exactement à ce que j'imaginais en lisant le livre, mais c'est tout. Absolument tout. Les scènes s'enchainent, les événements dramatiques aussi, et pourtant on reste de marbre. C'est le syndrome inverse des adaptations traditionnelles. Petit Pays prend très peu de liberté sur son matériel de base, et le peu d'idées originales m'a laissé complètement indifférent, Eric Barbier ayant réécrit la fin du livre pour proposer une variante plus mainstream que celle de l'œuvre originale qui se voulait plus subtile.

Certaines scènes sont certes très réussies comme la séquence de l'immolation, mais on ressent difficilement le côté macabre et choquant du génocide du Rwanda. Un peu trop censuré tout ça ! Et les acteurs n'aident pas nécessairement beaucoup. Si les gosses sont globalement bons, les adultes me laissent froid, principalement les parents. Jean-Paul Rouve ne correspond pas du tout à ce que son personnage du livre me semblait être, pareil pour la mère.

Donc oui, Petit Pays c'est très loin d'être mauvais mais c'est vraiment fade. Mon avis aurait-il été le même sans avoir lu le livre ? Certainement pas ! Mais ce qui est fait est fait, comme le lancé raté de la daronne qui envoie un faux verre en verre à la tronche de sa gamine. Fallait pas me la rater celle-là !