Petit Vampire voit Joann Sfar adapter sa célèbre bande dessinée dans un tourbillon enfantin joyeux et rythmé, déclaration d’amour aux monstres, à la différence et à l’enfance.
Petit Vampire marque le retour derrière la caméra de l’auteur et dessinateur Joann Sfar qui s’était également essayé à la mise en scène avec succès en adaptant sa vision de Serge Gainsbourg dans Gainsbourg (Vie Héroïque) et une autre de ses œuvres phares, Le Chat du Rabbin. Il avait cependant adapté avec beaucoup moins de succès La Dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil, roman de Sébastien Japrisot dans un essai arty sans queue ni tête qui l’avait vu faire une longue pause de cinq années jusqu’à son retour au cinéma pour, une fois encore, mettre sur grand écran l’un de ses héros à petit crocs.
Petit Vampire montre qu’à l’image de ses précédentes réussites adaptées de son œuvre, Joann Sfar n’est jamais mieux servi que par lui-même. Son quatrième long-métrage (et deuxième animé) renoue ainsi avec la superbe de ses aînés tant l’auteur maîtrise son univers et peut ici en proposer une redécouverte connectée à l’actualité qui prouve que son héros n’est pas immortel qu’entre des cases de bande-dessinée. Sur des messages incontournables comme celui de l’acceptation de la différence, l’omniprésence des écrans et un paradis enfantin enfermé dans une petite bulle, Petit Vampire se montre toujours actuel mais cherche cependant à aller plus loin.
Parce que le cinéma lui permet un plus grand espace de jeu, Joann Sfar épouse ainsi le chemin d’une aventure colorée épousant à merveille le bestiaire monstrueux d’une enfance rêvée derrière une grande toile de cinéma. Les yeux du petit Michel se trouvent ainsi être l’incarnation parfaite de la rencontre avec ces mythiques créatures du 7eme art que l’on aime tellement, malgré leur destin souvent funeste, que l’on se les imagine comme de merveilleux amis. Petit Vampire transforme ainsi cette fascination en toboggan enfantin débordant d’inventivité où les montres les plus terrifiants ne sont en fait que des êtres en proie à la solitude et au manque d’amour.
Petit Vampire adopte cet œil d’enfant jusque dans ses répliques, fustigeant ainsi avec intelligence un regard d’adulte dénué de cette part de candeur. Porté par un casting vocal de haute volée, de Camille Cottin en Pandora, Jean-Paul Rouve en Capitaine des Morts et Alex Lutz en Guibbous qui rejoignent les voix originales de la série animée, le film de Joann Sfar demeure un rendez-vous incontournable, réunissant petits et grands autour de thèmes fédérateurs et d’un bestiaire qui transpire l’amour pour la différence et le cinéma.
Petit Vampire résume ainsi à merveille cette petite bulle d’insouciance qu’est l’enfance, et de ses montres, pétris d’amour dont l’on se fait des amis car leur différence fait écho à notre propre corps. Monstres où pas, ils demeurent des amis parfaits pour une aventure colorée comme l’enfance sait en offrir de mieux.
Critique à retrouver (avec bien d'autres) sur cinefocus.fr