Dans la foulée de son premier grand succès critique et public ("Un air de famille"), Cédric Klapisch se lance dans un projet ambitieux, sous la forme d'une comédie de science-fiction.
"Peut-être" fera un véritable four, et découvrir aujourd'hui ce film méconnu et oublié a quelque chose de troublant. On se demande où Klapisch voulait en venir, on devine que le thème principal tourne autour du lien de filiation inversé, mais sur un mode potache, et on doit constater que cet improbable bordel constitue de très loin le film le moins abouti de sa filmo.
Toutefois, tout n'apparaît pas raté dans "Peut-être", à commencer par l'univers de SF singulier imaginé par Klapisch et ses équipes : on découvre un Paris ensablé, d'où ne dépassent que les toits et les étages les plus élevés des bâtiments.
Dans ce futur régressif, où le progrès technologique semble avoir été interrompu, on assiste à diverses trouvailles visuelles qui ne sont pas sans évoquer le style d'un Michel Gondry, à l'image de ces voitures coupées en deux afin de servir de fiacre. Un mélange de kitch et de bidouille au final pas déplaisant.
Le problème, c'est que Klapisch ne fait rien de cet univers atypique : les enjeux du film sont dérisoires, au cœur d'un scénario qui réussit l'exploit d'être à la fois simpliste et incroyablement brouillon.
La problématique d'Arthur, le personnage principal joué par Romain Duris (qu'on a rarement vu aussi mauvais chez Klapisch), est bancale dès le départ : il suffit d'ailleurs de voir la très mauvaise scène durant laquelle Arthur vient annoncer aux siens qu'ils n'existeront finalement pas, car il a besoin d'un meilleur salaire pour pouvoir élever son fils décemment...
D'autre part, Klapisch parvient à réunir un casting français incroyable, mais le réalisateur n'en fait rien de bon ou presque : j'ai un immense respect pour Jean-Paul Belmondo, ça fait très plaisir de le revoir dans un film récent, mais on ne ressent aucune alchimie avec les autres comédiens. Certains sont simplement mauvais (Olivier Gourmet, Emmanuelle Devos,...), d'autres s'avèrent inutiles (de manière générale il y a bien trop de personnages), d'autres encore sont mal utilisés...
Que ce soit au réveillon entre potes dans le présent ou en famille dans le futur, ça braille dans tous les sens, c'est très brouillon et rarement drôle.
Finalement, ceux qui s'en sortent le mieux sont ceux que l'on voit le moins (Vincent Elbaz, Léa Drucker, Hélène Fillières, Jean-Pierre Bacri).
Paradoxalement, Cédric Klapisch se montre plus convaincant dans son dernier acte, sur un registre qu'il connaît et maîtrise mieux : ce petit matin gris et froid de janvier, lendemain de fête et début de millénaire. Gueule de bois pour les uns, réparations et nettoyage pour les organisateurs, et after en duo pour les autres... De loin le meilleur moment du film.
Le réalisateur saura s'en souvenir, abandonnant la science-fiction pour des récits générationnels ancrés dans le réel, qui lui vaudront un succès considérable, dès son film suivant, "L'auberge espagnole", sorti trois ans plus tard.