Aaah... Le Nouvel Hollywwod, cette sublime ère du cinéma, où les réalisateurs prirent le pouvoir sur les studios, riche en films cultes (Bonnie & Clyde, Taxi Driver...), en cinéastes qui clamèrent haut et fort leur folie, leur génie artistique, tels De Palma, Coppola ou Spielberg, où la démesure et l'ambition était inscrite dans l'ADN de chaque oeuvre (Apocalypse Now, Voyage au Bout de l'Enfer, Le Parrain...) et où le tabou et le politiquement incorrect n'existait pas...
Mais, entre toute cette mêlée de films cultes et de chefs d’œuvres sortis en l'espace d'un peu plus d'une décennie, il y a une poignée de films qui priment sur tous les autres, et un film qui se démarque agréablement par sa singularité, un film qui est, par excellence, le gardien des valeurs du Nouvel Hollywood telles la liberté de création. Un film qui selon mon humble avis, est le plus significatif de ce que cette ère du cinéma représentait en termes artistiques, ce film là, vous l'avez deviné, c'est Phantom of the Paradise de Brian de Palma.
Avant, je pensais que Scarface était le chef d'oeuvre ultime de De Palma, et même si la fresque criminelle qui mets en scène Al Pacino reste toujours pour moi LE film culte par excellence, eh bien objectivement, je dois dire que Phantom of the Paradise est et restera le coup de maître ultime du cinéaste...
Jamais je n'avais vu un film avec une atmosphère si unique, si originale et si "Kitsch" en fin de compte, quasiment toute la force de l'oeuvre est dans son atmosphère.
Pour en faire rapidement le résumé, c'est l'histoire d'un artiste qui cherche désespérément à se faire connaître, et qui se fait voler son oeuvre par un (sacrément bon) méchant producteur de musique qui veut ouvrir son "Paradise", son temple du rock, son opéra de grandiloquence et de démesure musicale, et l'artiste, détruit, défiguré, brisé, va tenter de se venger de ce producteur.
Si ce synopsis improvisé est alléchant, ce n'est pourtant pas ici que se situe l'originalité du film, mais bien dans l'atmosphère dans laquelle cette intrigue prend place, car ses influences et thématiques sont nombreuses. Ce film est bourré de références littéraires et cinématographiques, que ce soit Le Portrait de Dorian Gray, le mythe de Faust, Le Fantôme de l'Opéra, c'est un mélange de culture fantastique librement interprétée d'une manière complètement folle et kitsch au possible, voir même au delà, avec des clins d’œil à des grandes œuvres (La Soif du Mal et son plan séquence mythique ou Dracula pour le traitement de Swan par exemple) insérés avec virtuosité. Ce film est fort d'une maîtrise technique qui tient du génie (il y a dans ce film un des meilleurs split-screen de l'histoire du cinéma et un travail impressionnant pour ce qui est des miroirs et des reflets, on est clairement dans un De Palma, sa patte toute crachée) et d'une mise en scène superbement soignée.
A travers un casting prodigieux (dont un Paul Williams superbe dont on se demande encore pourquoi il ne fait pas partie du top 100 AFI's 100 Years… 100 Heroes and Villains dans la section "Méchants" et qui éclipse le héros) et sans nul doute une des meilleurs bandes originales de films jamais sorties (qui mélange du Glam, du Rock, de la Pop, du Folk, voir du Heavy, bref, la bande son de tous les superlatifs qui ferait penser à un mélange grandiloquent entre Meat Loaf, Kiss et David Bowie), Brian de Palma nous offre un cocktail rétro, futuriste, baroque, aussi déjanté dans son atmosphère que dans sa musique magistrale et dans ses personnages affreusement et outrancièrement clichés, délirants, parfois vulgaires au maximum vital (Beef quoi...), qui est un pur plaisir à voir et à revoir. Un classique totalement jouissif !