Winslow est talentueux et naïf. Suffisamment pour se faire briser.
En revisitant Le Fantôme de l'Opéra de Gaston Leroux ainsi que le mythe de Faust, De Palma en profite pour dresser une critique pas toujours fine mais néanmoins acerbe du showbiz. Tout le monde en prend pour son grade : des producteurs mégalos qui n'ont que faire de l'intégrité artistique de leurs poules aux oeufs d'or, aux artistes orgueilleux, en passant par les interprètes superficiels ou encore les fans hystériques se comportant comme des veaux affamés.
L'intrigue est en soi assez expéditive. Le début du film s'enchaine rapidement, à mi-chemin entre le conte baroque surréaliste et l'extravagance d'un animé Looney Tunes . La descente aux enfers de Winslow se fait sans détour, sans concession, pour se retrouver très vite dans le coeur du sujet, où l'on suit un Winslow meurtri, hantant le Paradise de Swan. Mais la force de l'oeuvre réside dans son atmosphère si étrange et son esthétique à la fois kitch, burlesque et baroque. Sans oublier la BO de Paul Williams (interprète de Swan, ce qui est plutôt cocasse) qui participe grandement à parfaire l'ambiance du film.
Phantom of the Paradise, s'il n'est pas un chef d'oeuvre ultime, possède ses moments de gloire, notamment sa scène de voyeurisme tragique, son final étouffant ou, pour faire plus léger, son clin d'oeil à Psycho. Ovni dans la filmo de De Palma, il mérite le coup d'oeil pour son originalité.