"Phantom of the Paradise" fait partie de ces films très difficiles à décrire, qui constituent presque un genre à eux seuls. Mélange improbable de comédie musicale, d'horreur, de fantastique, et d'humour, avec des visuels gothiques filmés de manière baroque, voilà une œuvre barrée à souhait !


Heureusement, on est loin ici d'un délire stérile. D'une part car la trame (un compositeur défiguré cherche à se venger, en hantant la salle de spectacle d'un producteur machiavélique) se base sur des classiques de la littérature. Le Fantôme de l'Opéra évidemment, mais aussi Faust et Dorian Gray qui sont très référencés. Ces sources permettent à une narration imprévisible de néanmoins garder les pieds (et les spectateurs) sur Terre.


D'autre part, le scénario est loin de se limiter à une simple histoire d'amour ou de vengeance. "Phantom of the Paradise" se moque allègrement de l'industrie musicale, tirant sur les producteurs tout puissant déconnectés des réalités, les artistes et modes musicales jetables, et le public hystérique. Une critique en avance sur son temps... qui propose aussi de belles chansons rock dans divers styles.


Mais ce film est aussi une sacrée ambiance. Des acteurs étranges et méconnus mais talentueux, qui contribuent à l'atmosphère singulière (avec en tête Paul Williams, également compositeur du film, et son faciès insolite). Le fait que pratiquement aucun d'entre eux n'ait connu une belle carrière au cinéma renforce l'unicité du long-métrage.


Une mise en scène par un Brian De Palma en grande forme. Entre quelques séquences sur lesquelles sa patte est très forte (un double plan séquence en split screen, référençant "A Touch of Evil", les arcanes des consoles de studio, une parodie géniale de "Pyscho"...), le réalisateur s'amuse à créer son univers baroque avec ses courtes focales. Et il s'appuie sur des costumes et des décors qui se renouvellent en permanence et enchaîne les idées excellentes.


Echec critique et public à sa sortie (comme souvent chez de De Palma), "Phantom of the Paradise" a heureusement été réhabilité depuis, et demeure un must du film musical... mais le terme de "classique" ne sera jamais autant inapproprié ici !

Redzing

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