J'ai globalement toujours apprécié Stephen Frears, qui ne pouvait que se reprendre après le catastrophique « Lady Vegas », de très loin son plus mauvais film. C'est chose faite avec « Philomena », classique dans son traitement, mais suffisamment riche pour que l'on y prenne plaisir et intérêt. Rien d'extraordinaire donc, mais une belle histoire qui méritait qu'on la raconte, abordant avec intelligence et talent toutes les facettes de son sujet sans recourir à la facilité ou au pathos. Le ton est toujours sobre, maîtrisé, l'émotion venant ainsi naturellement à plusieurs reprises, jamais commandé par une musique sirupeuse ou un gros discours édifiant.
Tout sonne juste, de la relation entre nos deux héros aux différents thèmes abordés, sans mépris ni condescendance vis-à-vis de qui que ce soit, si ce n'est une violente charge contre l'église catholique, offrant à l'œuvre l'une de ses scènes les plus fortes. A ce titre, quel plaisir de ne pas recevoir de leçons, de ne pas entendre : « voilà la bonne attitude à adopter, aucune autre n'est possible », Frears nous laissant ainsi libre pour décider qui a tort ou raison (pour peu qu'il y ait une réponse d'ailleurs). Et comme le duo « so british » Judi Dench - Steve Coogan est évidemment remarquable de complicité, difficile de résister. Je n'en suis pourtant pas sorti totalement enthousiaste (son aspect trop « propre sur lui » ?), mais « Philomena » n'en reste pas moins sensible, touchant et parfois drôle : un beau moment de cinéma.