Un formidable pied de nez.
Si on met un instant de côté La Planète au Trésor (qui, pour moi, vaut autant, voire plus, que tous les films Disney plébiscités par le peuple), Pinocchio est peut-être bien celui qui a su me faire un effet intact, des années durant.
L'histoire de ce pantin qui voulait devenir un vrai petit garçon, mêlant une incroyable esthétique et une effroyable morale, m'a laissé presque pantois à l'époque... et aujourd'hui encore.
Je ne m'attarderai pas une éternité sur Geppetto le sculpteur, ni sur Figaro le chat comique, ni sur Cleo le poisson gracieux et je ne sais quel autre intervenant qui croisera le chemin de Pinocchio.
Pinocchio est un peu le reflet de ces enfants qui, face à un monde sordide et manipulateur, sont guidés telles des marionnettes, qui ne comprennent pas (tout de suite) toujours ce qu'on leur dit, ou ce qui leur arrive.
D'autre part, ce film constitue un parfait équilibre entre traumatisme et féerie.
Au-delà de l'interprétation qu'on peut retirer de la narration - qui est un peu molle, il faut le dire - ce qui élève le Pinocchio de 1940 au statut d'oeuvre d'art, c'est le niveau atteint dans l'animation, tant visuelle que technique.
Tous les détails qui fourmillent au premier comme au second plan, les différents contrastes, la gestuelle des personnages et la définition de leurs contours... tout cela prouve que Pinocchio n'est pas une fable fabriquée avec désinvolture.
Sans compter les musiques... celles-ci subsistent dans le degré de noirceur du conte ; elles appuient son propos sinistre, et elles y apportent une pointe qui pétille, comme le ferait une lanterne dans une grotte.
Un voyage complet et amusant, où la prouesse des dessins est aussi forte que la teneur du récit.
Mais par-dessus tout, Pinocchio est une belle leçon de savoir-faire pour les productions actuelles.
Je me languis déjà à l'idée de le revoir dans sa version Blu-Ray.