Avec Tale of Tales, Matteo Garrone montrait déjà tout son intérêt pour l’imagerie des contes. Mais là où ce film en montrait toute la noirceur qui pouvait en sortir, Pinocchio prend l’exact contre-pied. Le réalisateur italien ressort du conte de Collodi tout ce qu’il en a de plus lumineux, de la candeur (presque insupportable) du pantin de bois à la féerie baroque de ses rencontres. L’importance donné à la lumière, des effets numériques et du maquillage des acteurs permet de décrire une fresque enchanteresse qu’un réalisateur comme Terry Gilliam ne renierait sûrement pas.
Pourtant, rien n’est facile dans ce portrait de l’Italie rurale du XIXe où la pauvreté est reine. Elle est partout. Plus qu’un film sur l’enfance et le rêve, ce Pinocchio de Matteo Garrone pourrait être une oeuvre sur la misère : elle est cruelle, avec Gepetto (brillant Benigni) qui lutte contre la faim, avec Pinocchio qui se laisse duper par deux voleurs sans le sou, sans foi, ni loi…
Mais cette galerie vu à travers le regard d’enfant du personnage principal n’en ressort qu’avec fantaisie et onirisme, qui permettra à n’en pas douter l’émerveillement du spectateur du plus jeune au plus grand.