Il est de ces films qui perturbent, qui interrogent, qui hantent le spectateur après visionnage. Pique-nique à Hanging Rock en fait partie, et est sans doute un des meilleurs du genre qu'il m'ait été donné de voir.
Encore plongée dans cette ambiance brumeuse, hypnotique, mystérieuse,... je continue de lire des critiques ou des analyses du film, je revois même certaines scènes. Pas réellement pour en savoir plus, ni pour tenter de trouver des réponses, ça n'aurait aucun intérêt. L'intérêt de Pique-nique à Hanging Rock réside bien au contraire dans le fait qu'il ne doit, ni ne peut, à mon sens, être totalement compris.
A Hanging Rock, le temps s'arrête (littéralement), les instants sont suspendus, voletant dans une brume légère et vaporeuse. Le film nous plonge dans cette ambiance mystérieusement fascinante, laquelle est rendue presque palpable grâce à divers éléments.
Premièrement, l***'image*** bien évidemment, magnifique, lumineuse, allant des vues sur les pics rocheux, les herbes et les fleurs dansant au grès du vent, les jeunes filles toutes de banc vêtues... ainsi que les poèmes qu'elles déclament, installent déjà ce climat d'étrangeté. L'ambiance générale m'a fait penser à certaines peintures symbolistes de Fernand Khnopff, dans lesquelles on retrouve cette impression de mystère, d'incompréhension, rendue "visible" par cette même atmosphère brumeuse, vaporeuse.
Ensuite, la musique, très présente, a elle aussi quelque chose d'hypnotique, d'envoutant. Le spectateur se retrouve alors fasciné, envouté, tout comme le sont les jeunes filles, inlassablement attirées par le rocher, sans qu'aucune clef de lecture ne nous soit donnée clairement. On peut, bien-sûr, déceler de nombreuses métaphores, établir d'innombrables hypothèses, mais aucune ne pourrait être vérifiée. C'est surtout le travail de notre imagination ou d'une interprétation de symboles que l'on connait, qui permet (ou non) une lecture, qui, d'ailleurs, diffèrera certainement d'une personne à un autre.
On comprend d'ailleurs bien vite qu'on ne comprendra pas avec certitude, et ça n'a, au final, aucune importance.
Si la première partie se centre sur cette disparition mystérieuse, la seconde met l'accent sur la recherche des disparues, sur les relations qui se tissent dans le "petit monde" qu'est le pensionnat. Il y a certainement une opposition à voir entre ce lieu fermé, réduit, austère et strict dans lequel sont (presque) confinées ces jeunes filles, et le monde libre, ouvert, neuf et inconnu dans lequel ont disparu leurs camarades.
Le film s'achève, le générique défile, on reste là, comme abasourdis, suspendus, sans avoir que faire ou que penser. Hangin Rock, c'est le mystère, c'est l'irruption du fantastique, de l'incompréhensible dans l'ordre, c'est l'éclatement des limites entre les genres, c'est fantastique, c'est beau.
J'ai conscience que ma critique n'apporte pas grand chose de neuf, mais je me sens tellement profondément sous l'impact de ce film, que je me devais d'écrire quelques lignes. Je ne vois pas comment on peut ne pas être envouté par ces paysages, cette ambiance et cette flûte de pan qui résonne encore dans ma tête.